Vous qui avez vingt Ans (Enchantment) (1948) de Irving Reis
Les histoires d'amour en famille finissent mal en général... mais pas forcément. Reis nous convie ici à un récit sur trois étapes relativement bien construit narrativement, une histoire faisant notamment la part belle au flash-back. Trois enfants à la base (Selina, Rollo, Pelham) et une "pièce rapportée", la petite Lark dont les deux parents sont morts dans un accident ; Selina est en charge des bambins et entretient une certaine jalousie envers la chtite Lark ; à l'adulescence, Pelham et Rollo tombent amoureux de la rayonnante Lark (Teresa Wright) très courtisée. Lark depuis toute petite n'a d'yeux que pour Rollo mais la méchante Selina va tout faire pour que cette union ne voie jamais le jour… Tintintin. De nos jours (troisième couche temporelle) le vieux Rollo, solitaire endurci, reçoit en sa demeure un descendant de Lark et une descendante de Pelham... Va-t-il tout faire pour encourager leur flirt ? C'est là le fin mot de l'histoire...
On aime généralement (je dis on, je dis je) ces récits qui plongent leur racine dans l'enfance, captent les personnages dans la force de l'âge avant qu'on les retrouve à l'aube de la mort (j'écris comme Barbara Cartland ce matin). Ici, les retours vers le passé sont plutôt bien amenés (le présent rejoint le passé dans un même plan), sans doute parfois un peu trop longs, mais permettent de parfaitement suivre les personnages dans leur évolution ; les acteurs, en grande majorité british, sont honnêtes (David Niven bon, même grimé ; le vieux serviteur qui répond au doux nom de Proutie (...), Leo G. Carroll est au taquetto) et l'on finirait presque par se prendre d'affection pour cette Lark du passé, jeune et innocente, tout comme pour ces jeunes gens de la nouvelle génération... Bien. Seulement voilà, même si le noir et blanc est soigné ou la musique inspiré, la mise en scène de ce petit monde "en salon" est souvent plate comme une limande. On regarde la chose comme s'il s'agissait d'un aquarium ; c'est certes bien fait, mais cela manque terriblement de sang, de révolte, de surprises : Rollo est bougon, Selina se plaît à jouer les mégères, Lark si gentille et naïve (quand elle se met toute colère devant sa soeur, on y croit que deux secondes...). Il faut vraiment attendre la toute toute fin pour que tout d'un coup on ait notre petite dose de lyrisme, de foi, de passion (Londres sous les bombes alors que quelque part dans un parc une histoire d'amour se joue... (sigh)). Reis n'est pas Sirk (oui, bon) est peine à vraiment nous faire "romantiquement" chavirer le coeur - il est anglais en plus, ajouteraient certaines mauvaises langues dont je suis un peu parfois... Un film, qui à défaut d'être totalement enchanteur et délicieusement lyrique, décrit une sympathique petite saga en miniature.