Représailles en Arizona (Arizona Raiders) de William Witney - 1965
A l'heure où la plupart des westerns qui sortaient étaient soit des parodies, soit des westerns spaghettis, soit les deux, William Witney continuait, lui, à filmer ses cow-boys héroïques, ses Indiens offensés et ses paysages de l'Arizona. C'est tout à son honneur, mais on ne peut que remarquer l'usure irrémédiable du temps : son film est pratiquement tout pourri, autant le dire, et n'est même remarquable que pour ses gentils défauts. Deux hors-la-loi sont exfiltrés en secret du bagne pour infiltrer leur ancienne bande de brigands et mettre fin à leurs exactions : un sujet qui peut donner lieu à son lot de rémissions, de bagarres, de soupçons torves et de suspense. Et c'est vrai que de temps en temps, il y a : Audie Murphy est pas mal en petit gars parti sur la mauvaise pente puis ramené dans le droit chemin par sa conscience et l'indignation, on suit ses revirements (quand même assez acrobatiques) avec intérêt. Il est confronté tour à tour à la cavalerie américaine, menée par le vieillissant et has-been Buster Crabbe, puis au méchant en chef de son ex-groupe (la confrontation attendue durera 5 secondes avant que le dit méchant prenne sa balle dans le buffet), à une bande d'Indiens très colère, et surtout à sa conscience qui se cristallise sous la forme de son gentil frère qui a choisi la voie du Bien. Ça fait des grosses journées. Witney, aucun doute, sait cadrer, et fait le travail en professionnel, sans en rajouter, bien présent aux bons moments (une belle scène de traque de méchant dans un décor épuré de ville fantôme), on sent que le gars n'a plus rien à prouver et suit le scénario pépère, sans tenter d'épater le bourgeois. Un film classique, parfois joli, quoi.
Mais à côté de ce savoir-faire indéniable, il faut se taper, rictus aux lèvres, des maladresses ou des idées qui laissent pantois. A commencer par l'introduction du film : 7 minutes (!) de monologue effectué par un acteur un peu hébété, qui s'adresse directement au spectateur, pour nous raconter la biographie d'un bandit... qui disparaîtra dans les 5 minutes qui suivent ce prologue, présentation d'ailleurs reprise par une voix off beaucoup plus concise en début de film. Une séquence de toute évidence ajoutée par la suite, fondamentalement inutile et idiote et qui laisse deviner le naufrage formel que va être le film. Ensuite, une bande d'Indiens qui ont l'air dangereux comme ma mère, et qui attaquent leurs ennemis en leur balançant des cactus... Les gars ramassent des épines en hurlant de douleur comme si on leur arrachait les ongles, c'est complètement con. Pas mal de détails font sourire involontairement, comme cette nana qui n'arrive pas à enlever une cale contre la porte de l'église (un gusse arrive, et l'enlève avec son ptit doigt), ou ce dispositif hyper compliqué autour d'un cactus (encore un) pour s'entraîner au tir. Les méchants ne sont pas crédibles, et valsent comme des pantins sans jamais constituer une vraie menace, le film déborde de dialogues inutiles qui pètent le rythme, certaines séquences frôlent le pathétique (la partie de poker)... Un désastre donc, qui peut faire sourire parfois et c'est toujours ça de pris, mais tout de même...