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27 décembre 2017

Pelle le Conquérant (Pelle Erobreren) de Bille August - 1988

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Catalogue de clichés, épisode 2. Il est très gentil, ce film, et on ne peut honnêtement rien lui reprocher du tout. On est en plein dans les films de ciné-clubs pour vieux : cinéma "du monde", petit héros enfantin craquant, destin misérable, jolie production (musique, lumière), film pouvant nécessiter une discussion édifiante à la suite de la projection (le monde paysan au XIXème siècle, nouvelle forme d'esclavage ?), non vraiment on est dans les clous du bon goût et du cinéma politiquement et esthétiquement correct. Il y a même, pour les plus cinéphiles, quelques jolis clins d'oeil aux films "ruraux", de 1900 à Padre Padrone, de L'Arbre aux Sabots à La Ballade de Narayama, un acteur bergmanien et de beaux plans larges en travellings qui peuvent nécessiter une parenthèse sur la grammaire de mise en scène en introduction du film. Tout ça, vraiment, est clé en main : c'est du beau cinéma. Les deux acteurs principaux font en plus du très bon boulot : le petit Pelle Hvenegaard est beau et très photogénique, et possède une curieuse profondeur déjà adulte qui colle bien au personnage ; et Max von Sydow est impérial dans un rôle qui ne le met pas vraiment à l'honneur, un père un peu veule et dépassé, mais tellement aimant et doux. Ces deux-là sont au service d'une histoire bien entendu violente et belle, nostalgique et rude, pleine de hauts et de bas comme la vie : on offre un pauvre couteau à l'enfant pour son anniversaire, et les larmes viennent aux yeux parce que c'est trop dur ; il se fait frapper par les petits Danois parce qu'il est suédois, et les larmes viennent aux yeux, parce que c'est mal, le racisme ; le père est trop lâche pour le venger, et les larmes viennent aux yeux, parce que l'injustice c'est dur... On passe ainsi 2h30 les larmes aux yeux, mais heureusement tout ça est contrebalancé par des jolis paysages, des jolis décors et la conviction que la vie, c'est plus fort que tout.

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Voilà. Et Depardieu donne la Palme à Bille August. On s'ennuie certes moins qu'au dernier Star Wars, mais c'est limite : tout ça fleure la naphtaline comme c'est pas permis, et on dirait le film issu d'un de ces romans régionalistes écrits à la chaîne. Tout sent la sage reconstitution, tout sent l'écriture appliquée, rien ne déborde ou ne dépasse des traits. On a, bien rangés dans l'ordre, tous les motifs qu'on attend de ce type de grosse production européenne art et essai. August sait à peu près filmer, je ne dis pas, et sait à peu près diriger ses acteurs. L'inconvénient est qu'il y manque une personnalité, un regard, un style, quelque chose qui le distinguerait du tout-venant téléfilmesque de qualité. Rien ne surprend là-dedans, et je veux bien reconnaître qu'il faut replacer la chose dans le contexte de l'époque (le film a tout de même 30 ans), je pense qu'il sentait déjà la poussière à sa sortie.

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Quand Cannes,

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