Kingsman : Le Cercle d'or (Kingsman: The Golden Circle) de Matthew Vaughn - 2017
Pendant que Shang, satisfait, contemple sa propre hauteur de plafond (t'es pas malade, non, de dire du mal de bouses de films qui font l'unanimité béate ?), y en a d'autres qui bossent. Notamment en regardant de bons gros blockbusters qui tâchent et qui débordent des traits. Regard décomplexé, donc, sur ce numéro 2 de Kingsman, après un premier épisode relativement fun et endiablé. Eh bien, voilà : c'est la dure loi des suites, dans laquelle Vaughn se vautre avec délices, il faut toujours surenchérir ; là où un hélicoptère explosait dans le 1 il faut en faire exploser 12, là où un méchant ricanait dans le 1 il faut en faire rugir 37 dans le 2. On regarde ce Golden Circle au bord de la syncope, un filet de bave aux lèvres, exténué par le flot quasi-ininterrompu d'images, de bruits et d'action qu'on nous fait ingurgiter façon entonnoir. Et ensuite, on met 2 heures à s'endormir, le corps agité de soubresauts incontrôlés. C'est ce qu'on appelle du cinéma de détente. Il faut s'y faire, le ciné popcorn d'aujourd'hui se fait devant des écrans verts, et ce film là semble bien être l'archétype de la chose : tout, acteurs, scénario, mise en scène, est broyé sous la puissance des effets spéciaux. Il ne s'agit plus de montrer une bagarre, mais de la rendre la plus spectaculaire possible, en cliquant comme un fou devant ses logiciels compliqués pour trouver ici un angle impossible pour montrer un coup de poing, là placer un travelling totalement inutile mais tellement graphique sur un kick-balayette. Bien, acceptons, et notons donc que le film est spectaculaire si on aime les jeux vidéos, qu'on en prend plein les mirettes au niveau des scènes d'action (qui composent environ 97% du film) et que ça peut suffire à notre bonheur. Vaughn convoque des guests stars qui cachetonnent : Julianne Moore en super-méchante pas très convaincante dans le registre, Halle Berry qu'on a enlaidie parce que c'est rigolo d'enlaidir Halle Berry, Channing Tatum en cow-boy Marlboro (pas mal dans l'auto-dérision, j'aime bien cet acteur, cherchez pas), Jeff Bridges qui n'a rien à jouer et Elton John (Elton John ! je répète : Elton John), ce qui nous permet d'apprendre à la fois qu'il n'est pas encore mort et que ça va pas tarder (rarement vu un gars aussi mauvais à l'écran).
Toute cette petite troupe se met gentiment au service de sa Majesté et du rayon confiseries et produits dérivés de leur multiplexe pour nous servir un James Bond 2.0 qui renvoie Sean Connery dans sa maison de retraite. Ça fighte, ça s'envoie des armes improbables dans la gueule, ça multiplie les gadgets impossibles, on rajoute une pointe d'humour, un rien de glamour sexy et un soupçon de flegme britannique, et c'est emballé. Je l'avouerai avec une pointe de honte : je me suis plutôt amusé devant la chose, et à partir du moment où on accepte les plans pris depuis l'intérieur du vagin d'une blonde (!), et les gentils qui dézinguent une armée de 300 méchants avec un parapluie en carton, on peut rigoler devant ce grand n'importe quoi formel. Vaughn ne manque pas de motivation quand il s'agit de filmer une fusillade ou une bagarre, et on ricane comme un ado devant ce film boursouflé, kitsch et too much. D'autant que le héros, Taron Egerton, sait montrer que tout ça n'est pas très sérieux, que le film, finalement, sait se moquer de sa folle mécanique de surenchère, semblant même contenir en son sein sa propre critique, et qu'on retrouve de temps en temps le charme surranné des vieux films d'espionnage à la con. Ne boudons point notre plaisir une fois dans l'année, avant de revenir aux films intellos auxquels on ne comprend rien qui ont fait la marque et le légendaire snobisme de Shangols. Reste maintenant à trouver des images immobiles pour illustrer cet article.