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6 décembre 2017

L'Impératrice rouge (The Scarlet Empress) (1934) de Josef von Sternberg

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L'Impératrice rouge est peut-être le film avec le plus de figurants, d'objets, de bibelots, d'éléments du décor au centimètre carré. Certains cadres sont absolument saturés d'éléments religieux, culturels, symboliques comme pour étouffer chacun des protagonistes, pris dans cette toile du pouvoir où seulement les plus malins pourront s'en sortir. Marlene Dietrich fait merveille dans ce rôle de la petite poupée que l'on emmène de sa lointaine province jusqu'à l'antre du futur tsar ; elle est accompagnée par une sorte de monstre (un barbare de deux mètres au moins, John Lodge, qui flirte impunément avec elle) qui lui promet monts et merveille à propos de son époux ; Marlene rêve, espère et découvre avec horreur que le type est un ersatz de Fabrice Lucchini, physiquement, sans son cerveau (ce qui repose mais tout de même). C'est la première des désillusions, pas la dernière... Le palais est mené par une main de fer par la mère du futur tsar et elle fait vite comprendre à sa bru que son seul rôle est celui d’une reproductrice... Marlene n'a plus qu'à trouver un amant pour patienter et donner le change ; il se trouve seulement que son grand barbare qui la regarde comme un trésor couche également avec la belle-mère... Marlene comprend vite que pour s'en sortir, il lui faudra être diablement maline : coucher avec les soldats est une option, il est toujours bon dans ces pays quelque peu fantasque d'avoir l'appui de l'armée.

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Von Sternberg, dès le départ, nous entraîne dans un tourbillon musical, nous écrase sous le poids du décors (ces portes immenses qui nécessitent au moins trois personnes pour les ouvrir), fait péter des myriades de figurants (plus de mille, annonce, humble, le générique d'ouverture), nous montre toutes les coulisses de ce cauchemar (ce futur tsar qui fait des trous partout pour épier sa mère ou sa femme, les portes dérobées qui cachent les secrets d'alcôves : Marlene recevra donc une claque quand elle se rendra compte que son amant est celui de sa belle-mère et saura prendre une magnifique revanche quand elle accèdera au pouvoir), nous assomme de sons de cloches devant cette tragicomédie humaine (le final qui finit par se passer complément de paroles et de commentaires). Je me souvenais surtout de ce regard totalement halluciné du futur tsar qui fait passer l'effroi dans le regard de Marlene quand elle le rencontre ; il y aura plus tard cette scène où il défile avec ses soldats dans le palais (à cause des intempéries) et qu'il demande à ses soldats de pointer leur fusil sur Marlene. Scène où défilent tous les délires de ce fou mais où l'on perçoit aussi le côté serein de Marlene qui ne se formalise plus devant ce gamin qui prendra un jour le pouvoir. Il suffira à la Belle d'une seule escapade à l'extérieur du palais pour qu'on capte sa stratégie : elle se donne au premier soldat venu et fait d'une pierre trois coups ; elle tombe enceinte, rompt toute dépendance envers son amant et gagne la confiance de ces hommes armés. Une œuvre de Sternberg pleine de bruit et de fureur (et de bibelots) où la déesse Marlene excelle en femme-enfant qui saura se faire fémininement vénéneuse. Machiavélique et plein comme un œuf.

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 On a tous quelque chose en nous de Josef

Commentaires
B
Beau texte. La seule chose sur laquelle vous faites l'impasse, c'est l'humour, discret et omniprésent à la fois. Clairement quelqu'un rit de mettre en scène tous ces excès et vient le rappeler subtilement au spectateur ; mais on ne saurait dire si c'est le metteur en scène.
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