Face of Fire (1959) d'Albert Band
Il me faut bien reconnaître une chose : où je trouve l'idée d'aller piocher certains films ? Je devrais être le mieux placé pour le savoir mais passons... Face of Fire donc, adapté de The Monster de Stephen Crane est un film assez saisissant, genre de mix entre Elephant Man, Frankenstein et Sam le Pompier (la mauvaise influence de ma fille ne cesse de se faire sentir dans ces colonnes). Soit donc le gars James Whitmore, un employé de maison aimé de tous dans ce petit village qui ressemble à tant de petits villages. Il est amoureux de la bien jolie Jill Donohue (je l'épouse direct même si elle va maintenant sur ses 77 ans...) qui rêve d'épouser notre homme. Et puis c'est le drame. James sauve un gamin lors d'un incendie, reste sur le carreau et on le ressort avec la tronche aussi grillé qu'une côte de boeuf au barbecue. On lui bande la tête (toujours fan des films avec « homme à la tête bandée »), on lui met un voile noire sur le visage et on le remise un peu à l'écart du village pour qu'il se repose (...)... Mais notre homme refuse cet exil et revient faire un tour en ville à visage découvert ! Les gamins sont effrayés, son ex-fiancée est effrayée (terrible travelling avant lorsqu'elle se tord à terre alors que notre homme avance les bras ballants), les femmes sont effrayées... Pour glorifier ce véritable héros (grillé), les hommes organisent même une chasse à courre, s’armant qui de faux, qui de fourche... Mais pourquoi l'humanité est-elle si cruelle, bordel ?
Le plus effrayant c'est de voir comment un simple petit accident physique va mettre notre homme au ban de la société. Il est sympa, se montre courageux, se sacrifie littéralement... et se retrouve banni, pour ne pas dire harcelé. C'est violent. Selon que vous soyez beau... ou pas. Son patron, un docteur jusque-là populaire (qui a bien conscience que James a sauvé la vie de son gamin), a honte pour cette communauté qui semble se faire une joie de traquer "le monstre" ; les bonnes femmes sont tout aussi connasses : elles refusent purement et simplement la visite de ce docteur prêt à venir en aide à cette créature effrayante... Il y a du Haneke (tendance Ruban blanc) dans le portrait de cette petite vie villageoise bourgeoise : l'esprit étriqué et couillon de chacun se retrouve progressivement exposé ; seules les apparences semblent avoir une quelconque importance chez ces gens si superficiels. Heureusement, la vérité empathique peut parfois sortir de la bouche des enfants, moins aveugles que la foule. Une mise en scène parfois un peu figée mais un portrait au scalpel (c'est le mot) d'une société peu reluisante. Band, Albert.