Aux Sources du Nil (Mountains of the Moon) (1990) de Bob Rafelson
Alors oui, bon, il est vrai que le film du vieux Bob, par sa structure narrative, peut souvent faire penser à la City of Z du gars Gray, qu'il possède un certain charme aventurier, mais reconnaissons que l'ensemble reste un peu plat (et puis le charisme de Patrick Bergin as Richard Burton et de Iain Glen as John Speke, au secours !). On part pourtant, bizarrement comme le film de Gray, sur une bonne base avec une première expédition pour nos deux héros (à la recherche des sources du Nil, vous l'aurez compris si vous n'êtes pas lobotomisé par C8) qui tourne à la charpie : des jets de lances en veux-tu en voilà, un personnage principal qui se fait transpercer la mâchoire (ouille j'ai envie de dire) et l'autre qui se fait torturer par des indigènes très en colère. Ça sent le soufre. Et puis retour en Angleterre... qui dure des plombes... une histoire d'amour bien pâlotte (Fiona Shaw aussi sexy que Pécresse en short) pour nous faire patienter et puis, ouf, enfin, c’est reparti pour l'aventure. Le souffle s'est déjà un petit peu perdu en route mais l'on tente malgré tout de se passionner pour toutes ces tribus de bons vivants que l'on croise (ah sympa cette hutte en forme de boule). Ça danse, ça crie, ça se maquille, l'ambiance est souvent bon enfant pour nos deux aventuriers perdus dans leur quête mais tout cela paraît souvent aussi authentique qu'un sourire de Macron... Et puis c'est plat, plat, les images n'ont aucun relief, on se croirait (je sais, je vais être dur) dans un de ces banals téléfilms world que l'on croise ici ou là en zappant. Je ne dis pas que Bob n'est pas bon dans la reconstitution, je dis juste que sa mise en scène n'a pas plus de style qu'une tong sur la côte. Il tente certes de doper dramatiquement son récit en se focalisant sur un conflit entre nos deux héros (qui se disputent sur l'origine du Nil... pourquoi pas) mais comme les deux s'évitent, ce conflit n'a pas plus d'intensité qu'un regard de Gilles Bouleau. Bref, c'est long, et les promesses d'aventures en ouverture ont finalement fait long feu. Il y a bien ici ou là quelques indigènes distrayant (sympa ton masque avec des grains de café peints) et une poignée de paysages dépaysant mais on sent que le Bob (qui a, rappelons-le, produit La Maman et la Putain d'Eustache, respects éternels) manque un peu d'angle et de niaque pour nous faire totalement chavirer pour cette histoire d'aventuriers un peu fébriles et gauches (alors quand on a un scarabée dans l'oreille, s'enfoncer un compas jusqu'à la garde reste déconseillé). Même le pseudo petit sel gay (attention, l'un d’eux marche hum hum un peu à vapeur – oho révélation secrète !?) reste évoqué de façon bien trop superficielle pour apporter un côté vraiment "sulfureux » et original à cette production bien trop lisse. Gentil mais Indiana peut encore se marrer dans son coin avec son fouet. J'ai presque envie de dire Nil, Nil, Nil...