Song to Song (2017) de Terrence Malick
J'avais fait l'impasse sur les deux-trois derniers Terrence Malick (rien qu'à voir les bandes-annonces, comme une terrible impression de déjà vu) mais étais prêt à redonner sa chance à un gars qui filmait, avant, avec parcimonie et mesure. Disons-le d'entrée de jeu, Song to Song pourrait se révéler le pire film de l'année, sauf s'il venait à sortir Les Bronzés 5 ou Camping 12. Dès les cinq premières minutes, on devine le concept lourdaud du Terrence qui joue les apprentis Lelouch en tentant de faire moderne (…) : aucun plan fixe, d'une part, et des plans dont la durée de vie ne dépasse pas les cinq secondes. Tout cela monté en cut comme pour donner une impression générale genre éthérée et flux de vie qui passe trop vite... On se dit, Ok, c'est un style, mais pendant deux heures cela risque d'être énervant. Ça l'est, mais pas plus que ce scénario de trous de balle (A qui aime B qui aime C qui aime B puis plus, puis A qui aime D qui se tue puis B qui aime B' mais qui revient à C, quand même) interprétés par des acteurs et des actrices sélectionnés indéniablement plus pour leur physique que pour leur capacité expressive (Mimi Mathy ou Pierre Ménès chez Malick, c'est mort) : que du beau gosse au sourire enjôleur, que de la gonzesse avec des tailles épaisses comme mes cuisses (que j'ai frêles). Bon, ok, pourquoi pas, après tout, c’est du cinoche, diront les plus ouverts... Mais nom de Dieu, qui a écrit une histoire aussi niaise et attendue, hein, qui ? (ils s'aiment, puis plus, vont chez leurs parents respectifs pour pleurer mais comme ils sont malades, les parents, ils pleurent deux fois plus, nos tourtereaux, puis ils reprennent le cours de leur life le cœur gros)... Et ce putain de flux d'images qui passe d'une taille féminine dénudée à des oiseaux qui volent puis à un arbre qui bourgeonne puis à Patti Smith ou Iggy Pop qui philosophent grave... C'est d'une indigence rare, d'une superficialité affreuse, d'une connerie basse... Entre deux airs de musique classique et deux chansons rock vintage, Malick nous sert des dialogues sur l'amour (genre une phrase qui résume toute la métaphysique de la vie, tu vois) qui feraient passer Musso pour un penseur et Nothomb pour une écrivaine. Le film, avec cette caméra trop lourde, comme tenue par un enfant, ne peut que finir par donner le mal de mer (prenez de la Nautamine si vous voulez malgré tout tenter l'expérience) et faire vomir par sa prétention esthétique et / ou son vide intersidéral au niveau émotionnel. Un truc pour passer en fond d'écran lors d'un défilé de mode, genre Prada, où tout le monde fait la gueule parce que la vie est trop dure quand t'es beau et riche et branleur. Du cinéma sans âme.