Le Décalogue (Dekalog) - 8 - Tu ne mentiras pas de Krzysztof Kieślowski - 1988
Pas très emballé encore une fois par cet épisode (titre original : Nie mów fałszywego świadectwa przeciw bliźniemu swemu) très bavard, très cérébral, et qui oublie un peu les corps en chemin. Cet épisode-là est théorique, posant un problème moral. Mais il en oublie un peu de faire du cinéma. Tant pis : on s'accroche au discours et aux excellents acteurs, et on se console en s'intéressant à cette somme de gros plans très mesurés et assez beaux. L'histoire : une prof de philo se retrouve confrontée à une femme qu'elle a connue il y a 40 ans. Durant la guerre, elle a refusé d'adopter la fillette, juive, car elle aurait menacé le réseau de résistants mis en place chez elle. Elle l'a donc rejetée, la renvoyant à une mort quasi-certaine. Aujourd'hui, la femme revient pour tenter de comprendre. Elles vont passer quelques heures ensemble, sur les lieux du passé, et vont apprendre à se connaître et à se pardonner. L'épisode commence par un séminaire au cours duquel une élève expose le problème moral de l'épisode 2 du Décalogue, et on apprend plus loin que l'héroïne de ce tome 8 vit dans le même immeuble, ce qui permet d'entrevoir un peu l'entreprise de Kieslowski : faire une sorte de Comédie Humaine d'aujourd'hui.
Cet épisode ressemble donc à un premier bilan de la série, un qui s'arrêterait et prendrait le temps de réfléchir. Le souci, en fait, c'est que le drame appartient au passé, contrairement aux autres épisodes qui filment le présent. Tout est donc verbalisé, expliqué, ce qui handicape pas mal le rythme d'ensemble. Restent quelques très belles scènes, notamment la confrontation, à la fin, avec ce tailleur arqué sur sa volonté d'oublier, et à qui on oppose un retour sur le passé. Ou comme ces très beaux plans sur le visage tourmenté de l'actrice principale, que viennent rompre quelques jolis travellings latéraux sur son auditoire lors du séminaire sur l'éthique. Ou comme cette petite escapade dans un parc et la rencontre avec un contorsionniste tout à fait symbolique. Toujours intéressant, ça va de soi, mais cette fois un chouille moins inspiré.