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6 mai 2017

Apocalypse now de Francis Ford Coppola - 1979

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Oui, je me tape quelques bons vieux jalons du 7ème art cette semaine, il est bon parfois de re-ranger ses dvd. Attaquons-nous donc à ce classique des classiques, pour noter, comme tout le monde, que c'est complètement immense. Coppola adapte Conrad, le plonge dans le Vietnam de la guerre, et réalise une longue plongée psychédélique dans le cerveau d'un homme obsédé et détruit : son film est spectaculaire et profondément intime, onirique et vulgaire, baroque et hanté, triste et violent. La scène-clé, finalement pourrait bien être la première : le capitaine Willard, saoul, sale et accablé par ses souvenirs d'horreur, qui se laisse couler dans la folie dans sa chambre d'hôtel miteuse. On peut imaginer les 3h15 qui suivent comme une projection de cette folie, une introspection maladive dans des bribes de souvenirs, des accès de violence, des fantasmes païens, des pulsions sexuelles ou de vieux relents politiques, le point d'orgue étant cette rencontre avec le mythique colonel Kurtz, qui va achever la démence. L'odyssée qu'il va effectuer, en tout cas, a tout du chemin intérieur. Il s'enfonce de plus en plus dans un Cambodge mystérieux, sans retour possible, côtoyant sans cesse la mort mais ne s'arrêtant jamais, dans cette quête absurde et idiote : éliminer un homme, en en perdant des dizaines. De rencontres en rencontres, certaines hyper brutales, d'autres comiques, d'autres dérangeantes, il va assister à la guerre en spectateur, toujours le long de ce fleuve à la fois extérieur à elle et plongé en son coeur.

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Coppola excelle à plonger cette histoire dans une ambiance cauchemardesque, à rendre tout vaporeux, intrigant, irréaliste. Willard côtoie la guerre, mais, sauf à deux ou trois reprises, ne fait que traverser un pays marqué par elle, arrivant après la bataille. Gentiment politique, le film sait s'arrêter quand il le faut, ne sacrifiant pas tout au spectacle : les discours de Brando sur le sens de la guerre ("The horror", ses derniers mots) résonnent fort, et la scène suspendue dans une propriété française autour d'un repas plein de colère fait dans la pure théorie (ça n'est pas la plus réussie, d'ailleurs). Mais la plupart du temps, Coppola sort l'énorme artillerie : l'attaque des hélicos au son de la musique de Wagner, la fouille d'un petit bateau viet, l'arrêt dans un campement misérable inondé par les pluies, les flèches qui tombent en pluie sur le bateau, le show des "bunnies" dans le campement américain, la traversée du camp illuminé, dernier rempart d'humanité, tout est matière à virtuosité graphique et à délires visuels. Dans ce chaos, la caméra est toujours à sa place, très mobile et précise ; même quand Coppola dirige 800 figurants, 30 hélicos, 1200 explosions, fait avec le climat, avec ses acteurs capricieux, il est totalement maître de son film, et domine la chose avec une force digne de la folie. On connaît l'histoire du tournage, la dose de parfaite démence qu'il y a eu dans la fabrication de la chose, mais le résultat est bluffant.

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Le film est long mais c'est normal : on a l'impression que la plupart des séquences pourrait faire un film entier : la folie de Kilgore, obnubilé par sa partie de surf en pleine bataille, ou la longue scène finale dans la jungle aux côtés de Brando aurait suffit à maints réalisateurs. Coppola n'en fait que des scènes, et préfère presque filmer l'entre-deux, l'errance. Pourtant, cette séquence finale, mystique, coupée de tout, mélangeant une religion barbare aux élucubrations d'un Brando en roue libre, est géniale, tout à fait dans l'esprit de l'époque. Dennis Hopper en disciple sous acide relie la chose, qui pourrait être très solennelle, aux délires psychédéliques, et est accompagné d'ailleurs par la musique hanté et mystique des Doors. La scène dit beaucoup de choses, tant sur les personnages que sur le monde en effondrement que donne à voir le film. Et également sur le metteur en scène lui-même, qui s'est perdu jusqu'à la folie dans ce projet. Une telle maîtrise de tous les éléments du film paraît aberrante, tant tout y est fragile, des grands tableaux guerriers à la mythomanie de Brando, des idées de scénario improbables aux brusques accès de comédie. En tout cas, on plonge dans cette odyssée moderne et on ne relève les yeux que 3h plus tard, complètement conquis, ayant nous aussi traversé un petit bout de chaos. Le portrait de la guerre au Viet-Nam le plus infernal qui se puisse concevoir, puisqu'il n'est qu'intérieur.

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