Two of a Kind (1951) de Henry Levin
Il y avait du potentiel dans ce noir de Levin : Lizabeth Scott, un intrigant pitch initial, Lizabeth Scott, la chtite Terry Moore ou encore Lizabeth Scott. Cette dernière est vénéneuse à souhait dans les premières séquences : elle est la reine du double-jeu en mettant ses talents au service d'un certain Vincent Mailer (le cerveau de l'affaire avec lequel on devine que) et en séduisant le pigeon de l'affaire (Edmond O'Brien dans un rôle point à sa taille...) ; il s'agit en fait de faire passer ce dernier pour l'héritier perdu d'une riche famille - et de toucher l'héritage dans la foulée. Un pitch qui en vaut un autre mais qui nécessite pas mal de finesse pour introduire le gars auprès de ses "parents". Lizabeth Scott fait des merveilles pour mener O'Brien par le bout du nez tout en assurant ses arrières... Puis les scénaristes ont dû partir en vacances en confiant les clés à un stagiaire fan d'AB production...
On aime cette scène malsaine où la Lizabeth passe d'un regard noir à un sourire fatal : elle demande juste à O'Brien de sacrifier l'une de ses phalanges dans la portière de la voiture ; elle le drive fermement pour qu'il "convienne" au rôle et le rassure avec un simple baiser. Le O'Brien est tout tourneboulé, il en oublierait presque à la fois son doigt déchiqueté et qu'il est dans un film... La relation entre les deux amants aurait pu devenir franchement attachante et trouble si O'Brien était un peu moins lourdaud en "séducteur" sûr de ses charmes (il a de longs sourcils ? Mon chat aussi...) et si elle n'avait pas été mise si longuement entre parenthèses : O'Brien doit séduire la jeune nièce un peu fofolle (Terry Moore, innocente enfant) de ses parents adoptifs... Là encore, il le fait avec une morgue confondante (elle aime les voyous ce qui plie l'affaire...) et leur petit couple est aussi crédible qu'Hamon au second tour. On a l'impression que les tenues du casting féminin signées Jean Louis ont demandé plus d'attention que l'écriture du scénario et des personnages. Gros coup de mou dans le film avec cette idylle gnangnante : on espère au moins que tout le monde va se réveiller pour le final, pour en faire un film au moins digne d'un film noir ; grosse catastrophe à l'atterrissage (l'idée même d'un crime semble faire trembler Levin qui a décidé de réaliser finalement une romance à deux balles...) avec un dénouement terriblement niais, un improbable happy end qui met en l'air toutes les bonnes idées initiales de la chose... Dommage, pour Lizabeth Scott... On en hésiterait presque à mettre le bazar dans notre liste des films noirs... Bon, allez, c'est bien parce qu'il y a Lizabeth et sa voix chaude d'ensorceleuse.