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12 avril 2017

Taipei Story (Qing mei zhu ma) (1985) d'Edward Yang

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Voilà un film absolument réjouissant sur la forme (Yang + Hou Hsiao-Hsien au scénar, de la fine dentelle narrative) et plutôt déprimant sur le fond (t'habites à Taipei à la même époque, tu te tires une balle). Le constat est clair : alors même que la ville est en constante évolution (un architecte n'y reconnaîtrait pas ses propres petits buildings), on ne peut pas dire qu'au niveau humain et sentimentale cela suive. On suit le parcours de Chin et Lon, deux amis-amants qui font depuis longtemps route commune. Lon (HHH) doit partir aux States avant de revenir sur Taipei et d'emménager dans leur nouvel apparte. Que de perspectives réjouissantes ! Seulement rien ne va vraiment se passer comme prévu : manque de communication, manque d'implication, manque d'argent, manque de chance, le fait est que nos deux amants auront de plus en plus de mal à cohabiter et à trouver chacun sa propre "joie de vivre". Chin va perdre son boulot au retour de Lon et cela sonnera le début d'une  terrible décrépitude morale et sentimentale. Comment sera l'atterrissage, là est la question ?

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Bien que le climat soit lourd (dépression au-dessus du béton taiwanais), on suit avec un certain entrain le parcours de chacun des personnages, finement ciselés. Chin, après la déception de la perte de son job, va tenter de prendre un peu de recul... Force est d'admettre que rien ne se passe vraiment comme prévu : Lon a bien de mal à s'épancher et, pour passer le temps, elle continue de fréquenter des hommes (dont un ancien collègue) eux-mêmes un peu perdus dans leur vie de couple. Elle va finir par se rabattre sur la compagnie des copains de sa jeune soeur (à fond sous influence occidentale) mais elle peinera, passée le premier petit temps d'excitation, à y trouver son compte. Lon, lui, va suivre un vrai chemin de croix : tout ce qu'il touche foire (il prête de l'argent à son beau-père en pure perte, il joue il perd, il projette de partir aux States mais ne parvient pas à s'entendre (financièrement) avec son beauf installé confortablement là-bas...) et chaque pas qu'il fait dans cette citée bétonnée l'emmène un peu plus bas. Pourtant, il a le cœur sur la main : il aide ainsi un ancien pote qui touche le fond avec sa femme joueuse et ses trois gamins ; il ne parviendra qu'à faire fuir définitivement la mère... Quand il pousse une gueulante ou se rebelle (elles sont loin derrière lui ses années de joueur de base-ball couronnées de succès), il retombe encore plus bas et la dernière rixe (idiote) dans laquelle il se retrouve le laissera... exsangue. Bref, on rit guère sous les cieux taiwanais notamment pour ce qui est des couples croisés en route : homme et femme semblent tous aller un peu à la dérive, comme lâchés en route par cette économie fleurissante... Pour un petit moment de défoulement chez les djeun's (virées en motos et en boîtes - on se trémousse en écoutant Footlose : moment collector), que de chienlit et d'ennuis chez nos trentenaires sans réels repères. Un film massue du regretté Yang.

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