Traque à Boston (Patriots Day) de Peter Berg - 2017
Rha le bon vieux film crétin et manichéen qu'il nous fallait en ces temps de règne trumpien et de probable gloire lepeniste ! On parle de Christian Clavier et de Kev Adams ces jours-ci, mais ce serait oublier de mettre dans le même panier du populisme béant Traque à Boston, un des trucs les plus cons vus depuis longtemps. Le film se cache pourtant derrière le facile paravent du "tout est vrai" : il s'agit d'une reconstitution très rigoureuse (et bien entendu fantasmée comme pas possible) des attentats qui ont eu lieu à Boston pendant le marathon, et qui ont fait trois morts et des dizaines de blessés. On suit la préparation, l'acte, puis la résolution de l'enquête, en suivant une dizaine de personnages qui ont tous été plongés dans l'affaire d'une manière ou d'une autre : flics, terroristes, mecs du FBI, simples citoyens, victimes, Berg veut s'attarder sur chacun d'eux, et montrer en quoi tous sont des héros de l'Amérique (euh, sauf les terroristes). Le constat est accablant.
Le personnage principal, c'est Mark Wahlberg, simple flic un peu nerveux mais super intelligent, qui connait Boston par coeur, ses habitants, et rigole avec chacun en repérant leurs caméras de surveillance du coin de l'oeil. Son créneau, égréné lors de la scène la plus effarante du film : le monde, tu vois petit, est séparé entre Bien et Mal, et pour lutter contre le Mal il n'y a qu'une solution : l'Amour. Bon, l'amour, sauf pour les Arabes qui ont tué des gens, hein, faut pas pousser. Eux, fo les dézingué. Pour ça, on peut compter sur la grandeur de l'Amérique, ses petites-gens-qui-sont-en-fait-des-héros-de-l'ordinaire. C'est fou, d'ailleurs, comme on peut devenir un héros aux yeux de Berg : par exemple, vous êtes un brave type asiatique (et vous sortez donc avec une asiatique, au passage, pas de mélange surtout), et boum, vous vous retrouvez enlevé par ces salauds d'Arabes qui regardent des vidéos de Daesch et qui spolient les femmes ; vous parvenez à vous enfuir : boum, vous êtes un héros. Ou bien : vous êtes un flic de province, avec femme aimante et enfants dormants, et là vous vous retrouvez dans une fusillade entre ces salauds de monstres meurtriers, vous faites votre boulot : boum, vous êtes un héros. Ou bien : vous décidez d'aller courir un marathon et badaboum vous vous retrouvez avec une jambe arrachée parce que ces enculés de bâtards ont placé leur sac de sport pile à cet endroit : boum, vous êtes un héros. Pour bien montrer que vous en êtes un, on vous octroie une musique qui va bien. En plus, à la fin du film, on vous montre les vrais protagonistes de la chose, et ahah c'est vrai qu'ils ressemblent.
Tout ça sert à une chose : montrer que l'Amérique est un pays uni dans la douleur et dans la grandeur, ô Lord yes Djizeuss, que nos flics sont les meilleurs au monde, que les prolos de base sont tous solidaires et solides, et que faut pas faire chier les Ricains avec des bombes lancées par des salopards qui assassinent impunément alors qu'on leur a rien fait, surtout en Syrie. Nous, on a gerbé depuis la deuxième minute de cet outil de propagande abject. Malgré l'indéniable efficacité de Berg pour filmer l'action, on osera donc le mot : Traque à Boston est une merde nationaliste.