L'Amour en première Page (Love Is News) (1937) de Tay Garnett
Partant à la découverte du gars Garnett, nous tombâmes sur cette screwball comedy des thirties avec un casting épatant : Tyrone Power tout juste sorti du moule, la pimpante et pétulante Loretta Young et l'énergique Don Ameche - avec également au programme des seconds couteaux de choix : le précieux Elisha Cook Jr en apprenti journaliste, George Sanders en comte frenchy, Slim Summerville en juge incorruptible ou encore Stepin Fetchit (vu chez Ford) avec sa cool attitude habituelle dans le rôle d'un chauffeur. Le pitch de départ est ahahah poilant : une riche héritière (Loretta) en a assez des journalistes fouineurs ; elle met le grappin sur le plus malin d'entre eux (Tyrone) et fait croire à l’ensemble de la presse qu'elle va l'épouser pour qu'ils vivent la misère de la célébrité… Nos deux pseudo tourtereaux se font coup fourré sur coup fourré et l'on mettrait, malgré tout, sa main à couper qu'ils vont finir par s'aimer...
Garnett part à 100 à l'heure avec une discussion amicale qui tourne au vinaigre entre Don et Tyrone (ces deux journalistes se tireront la bourre tout du long) : ils ne peuvent pas se voir, racontent des anecdotes du passé qui les font rire aux larmes, se tapent sur l'épaule puis se font la gueule. Ça jacasse tant et plus, ça se noie de mots, avant que chacun reprenne sa raison et se fâche. Le film emporte d'entrée de jeu notre sympathie en nous présentant dans la foulée une partie de dames dont les pièces sont des choppes de bières et des verres de schnaps - pourquoi n'y avais-je jamais pensé ? (réfléchir à une adaptation aux échecs pour rendre chaque prise beaucoup plus intéressante). Tyrone part ensuite interviewer Loretta en lui faisant croire qu'il n'est pas journaliste (et obtient le scoop de sa séparation avec un Comte français) mais cette dernière, rapidement mise au fait, va rapidement se venger : Tyrone devient l'arroseur arrosé en faisant les gros titres de la presse et n'a pas fini de subir les sales coups mitonnés par la Loretta ; ainsi dès qu'elle se retrouve en prison, il la rejoint (sympathique petite séquence de notre jeune "couple" derrière les barreaux qui ne cessent de s'envoyer des piques) et dès qu'il pensera tenir un scoop, elle le détruira par derrière, faisant de lui le centre de l'attention. Le Tyrone s’énerve et la Loretta, avec ses rondes joues poupines, se gausse. Cela ne va certes pas plus loin que cela, les acteurs n'ont sans doute pas la finesse des grands monstres sacrés (Loretta eut pu être plus sexy, Tyrone plus consistant) mais il y a suffisamment d'énergie dans la chose (à défaut de crédibilité - c'est de la pure comédie, hein) pour que cette oeuvre file d'une traite. Sympa, quoi. On apprend en plus au passage qu'un remake fut fait onze ans plus tard par Robert Sinclair (That wonderful Urge) toujours avec Tyrone Power et… Gene Tierney ! (comment se fait-il que je n'ai point encore vu la chose ? Ce sera vite réparé) : un feuilleton à suivre, donc, un film menant toujours à un autre…