Brimstone de Martin Koolhoven - 2017
Voilà ce que j'appelle un film prétentieux, les enfants, ou je m'y connais pas. Koolhoven aurait pu réaliser un petit western coolos, gentiment féministe, doucement gore, et on aurait pu s'amuser 1h30 sans frais. Mais le gars a d'autres ambitions, dame, et nous sert un long, très long, très très long film boursouflé, qui se prend au sérieux et cause s'il vous plaît des conditions de vie des femmes dans l'Amérique puritaine de la fin du XIXème. Sur les traces de La Nuit du Chasseur, duquel il n'atteint pas la semelle pour ce qui est du soufre et du personnage masculin principal, il filme donc, sur une vingtaine d'années, le sort misérable de Liz (Dakota Fanning, qui en fait assez), pauvre femme à la mère torturée par un prêtre intégriste frustré sexuellement et obsédé par le châtiment (Guy Pearce, la Palme du too much convaincu de son talent). La belle fuira dans un bordel, se coupera la langue, accouchera dans la douleur, sera bannie par la société pour avoir raté une césarienne, verra son mari éviscéré par le prêtre, et devra, misérable, faire face au Mal dans un duel final à base de flammes rédemptrices et de promesse d'enfer. La vie de Macron est préférable. Le tout raconté en quatre chapitres aux titres ronflants ("Révélation", "Exode", "Genèse" et "Châtiment", y avait aussi "Petites Pépées", mais le film aurait été trop long) qui bouleversent la chronologie de l'histoire. M'est avis que Koolhoven devait être exténué après avoir pondu un tel oeuf : tout est trop dans ce truc. Trop long (2h30), trop violent sans aucune justification, ce qui ressemble à de la complaisance douteuse, joué trop façon statue du Commandeur, trop compliqué, trop volontairement politique. A vouloir en faire des tonnes, le gusse enterre son film sous la pesanteur, et annule tous ses effets : son prêtre diabolique est un curé de carnaval, et on est très vite fatigué par ses prêches moralistes et ses postures grandiloquentes (Mitchum, le modèle direct, avait trouvé un jeu burlesque absolument génial), les événements qui s'acharnent sur cette pov'Liz finisent par être comiques, et la mise en scène elle aussi pompeuse de Koolhoven abuse et surabuse des plans larges et d'une complexité déplacée. Les petits plats dans les grands.