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19 mars 2017

Terreur aveugle (See No Evil / Blind Terror) (1971) de Richard Fleischer

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Mia Farrow n'est pas à la fête dans ce petit thriller signé Fleischer qui reste avant tout une histoire de cadre et de hors-champs : Mia Farrow étant aveugle, on reste souvent scotché à son regard sans en savoir beaucoup plus qu'elle sur ce qui l'entoure. Fleischer, après avoir joué la carte insoutenable de l’attente (on présume qu’il y a des morts mais où sont-ils ?), nous fait découvrir ce qu'elle verrait si elle n'était pas aveugle. Enfin, grâce aux "palpages", aux tâtonnements, elle découvre elle-même les différents cadavres disséminés dans la maison - glauque ; dès le générique d'ouverture, le cinéaste joue la carte du suspense en jouant avec son cadre : on découvre les bottes d'un (prétendu) assassin (la musique de Bernstein tente suffisamment de mettre les boules pour qu'il n'y ait guère de doute sur ses motivations criminelles) sans voir son visage : la caméra rase le bitume pour qu'on suive les pas de ce cow-boy urbain qui a l'air bien décidé à aller de l'avant. Jeu de cadres, donc, et épreuve on ne peut plus douloureuse pour notre Mia à l'agonie incapable de voir le mal quand il a eu lieu, de savoir où est l'ennemi, de se repérer (et de s'enfuir) dès qu'elle se retrouve à l'extérieur...

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Fleischer est un vieux briscard qui sait prendre tout son temps, planter son décor. Mia retourne dans un endroit cossu en compagnie d'un oncle et d'une tante aux petits soins ; le cadre est calme et paisible (la campagne anglaise), elle retrouve un voisin charmant et peut même reprendre sa passion (que l'on devine à l’origine de l’accident qui lui a fait perdre la vue)) : les chevaux. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, sauf qu'un curieux individu rôde, capable de rayer la bagnole des richissimes propriétaires des lieux, voire, éventuellement, de les assassiner sauvagement. Après un premier tiers de film où il ne se passe pas grand-chose (Mia prend ses marques dans cette immense demeure), Fleischer commence à distiller certains indices dans la maison pouvant nous faire penser qu'il y eut carnage. On reste comme Mia, dans un premier temps, totalement dans le mystère puis on prend un temps d'avance sur elle en découvrant un à un les corps : le suspense n'est plus tant sur ce qui s'est passé mais sur la future réaction de Mia, sa panique et son handicap de départ pour s'en sortir... Le cheval est-il le meilleur ami de l'homme, le gitan le moins bon (eh oui, les clichés ont la vie dure...) et Mia plus maline et débrouillarde qu'elle a en l'air ?

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Avouons que si on aime cette capacité indéniable de Fleischer de faire parler (ou pas) ses images (un subtil changement d'angle de vue et tout se révèle à vous – l’art du hors-champ et du champ ; il a en plus le bon goût de ne pas surcharger son film de dialogues), d'essayer de faire durer le suspense, on est un peu moins convaincu par cette facilité à mettre Mia dans de mauvaises postures : attention la branche d'arbre, oups, attention au fossé gorgé d'eau, oups, attention aux éclats de verre, oups... Mia, le regard droit comme un "i", devient la parfaite souffre-douleur de ce thriller qui exploite à fond ses faiblesses. C'est un peu trop attendu de ce point de vue-là... on se rabattra donc sur la qualité du filmage et cette façon astucieuse de faire monter la tension en ne sachant jamais ce que le cinéaste va décider (ou pas) de nous faire voir à la bordure du cadre. C'est déjà ça.

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