La Danseuse (2016) de Stéphanie Di Giusto
Voilà un tout petit film qui possède quelques instants de grâce (les très courtes performances de Soko sur scène ou la séance d'entrainement menée énergiquement par icelle dans les bois avec de multiples danseuses) mais qui traine un peu en longueur. On a ainsi malheureusement l'impression au bout d'une heure d'avoir tout compris et tout vu des personnages (Soko, qui s'épuise dans ses préparations et dont on devine à l'avance la chute physique ; le neurasthénique Gaspard Ulliel, protecteur de Soko, dont l'on voit venir de très loin la dépression) ; l'arrivée de la gracieuse Lily-Rose Depp dans le rôle d'Isadora Duncan apporte un peu de luminosité et de piquant à la chose mais cette dernière, opportuniste en diable, à tôt faire de disparaître pour laisser la place à l'héroïne en "chute libre". Est-il vraiment besoin d'en dire plus ? Allez, un petit effort.
Il faut reconnaître que Soko possède un certain abattage pour donner vie à cette Loie Fuller, danseuse relativement extravagante qui eut ses instants de gloire aux Folies bergères (une façon ultra physique de danser, de tourner, la Loie suivant un véritable programme de muscu pour être capable de danser en agitant frénétiquement des bâtons dans la voilure de sa robe) avant de disparaître dans les tréfonds de la mémoire - contrairement à Isadora Duncan, danseuse qui fut lancée par Loie mais qui très vite s'employa à voler de ses propres ailes. Outre Ulliel qui tente tant bien que mal de donner un minimum de protection et d'équilibre à notre Soko (mais lui-même n'étant pas très costaud, elle se repose un peu sur un roseau), elle trouve en Mélanie Thierry (très bonne dans son personnage de "mère tutélaire") une alliée qui va l'aider à organiser son temps et ses spectacles. Si les actrices sont correctement dirigées, on peut toutefois regretter le manque de chose qu'elles ont à jouer : Soko et Mélanie n'ont pas vraiment de scène forte à jouer ensemble - celle-ci veillant silencieusement sur celle-là -, quant à Soko et Lily-Rose, elles n'ont droit véritablement qu'à une petite scène coquine pour mettre du piment dans leur relation... C'est un peu court. Du coup, si on découvre d’un côté avec un certain plaisir cette danseuse oubliée et ses chorégraphies novatrices, le récit demeure pour sa part un peu trop prévisible et longuet... Dommage que Di Giusto coupe parfois un peu prématurément les spectacles de la Loie (superbe esthétiquement) et peine à donner un peu plus de relief aux passages de sa vie privée - on s'englue, on s'englue... Jolie mise en scène à certains endroits mais une histoire qui manque terriblement de souffle et de véritable enjeu au niveau dramatique.