Attaque au Cheyenne Club (The Cheyenne Social Club) de Gene Kelly - 1970
De la ride au programme de cette comédie-western de bon aloi : James Stewart et Henry Fonda ont 200 ans, Gene Kelly pas beaucoup moins, le western est un genre ringard, mais voilà toute cette compagnie décidée à faire un dernier tour dans l'Ouest. On ne leur en veut pas, puisqu'on s'amuse bien et sans prétention devant ce film fendard, très bien joué et même très légèrement (et peut-être involontairement) dans l'esprit d'émancipation de l'époque. Un brave cow-boy qui n'a jamais quitté son Texas et ses boeufs se voit confier en héritage le Cheyenne Social Club, qui, à son grand dam, se trouve être un bordel grand crin fréquenté par toute la société masculine de la ville. Vertueux et puceau, John veut fermer l'établissement, mais se heurte alors à la société scandalisée, aux filles toutes plus girondes les unes que les autres, et à son bon vieux poteau Harley, moins prude et plus sage. Il faudra ajouter à ses emmerdes le clan Bannister, armé jusqu'aux dents, ceci pour donner le cachet fusillades à la chose. Notre John, à travers cette aventure drolatique, découvrira la vie, les femmes, les flingues, l'amitié, et deviendra une figure de la ville, avant de retourner à ses boeufs.
Le film tient entièrement sur l'amitié qui unit de toute évidence Fonda et Stewart. Les deux compères n'ont plus grand chose à prouver, mais s'en donnent à coeur joie dans des sceèns écrites aux petits oignons pour eux. Stewart multiplie les visages hébétées comme au bon vieux temps de Capra, Fonda joue avec malice de son personnage mutique (il est hyper bavard au début du film), on se marre bien. D'autant que cette méfiance des femmes chez le personnage de Stewart pourrait bien être dûe à une attirance pas très nette pour son vieux copain : les gars couchent dans le même lit, préfèrent se murger plutôt que de satisfaire les 5 femelles affamées à leur merci, me faites pas dire que c'est innocent. Kelly joue agréablement sur l'image des deux acteurs, et n'hésite pas à les montrer fuyant devant le danger ou tout benêts devant ces femmes. Dans le détail, le film est moins drôle que ça, c'est vrai, et Kelly n'est pas Blake Edwards : dialogues faibles, seconds rôles fonctionnels, situations trop rapides (on imagine souvent le potentiel comique de certaines d'entre elles, mais le film, pudibond, n'y va pas). Sa mise sen scène n'a aucun style, aucune saillie, et se contente de faire honorablement le job. Mais on assiste ici à une féminisation des cow-boys virils, et ça fait du bien. C'est samedi soir ? allez-y.
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