LIVRE : La Fille dans le Brouillard (La ragazza nella nebbia) de Donato Carrisi - 2015
Oui, alors là, je renie ce que j'ai écrit sur le livre de ce malheureux Serge Joncour : si écrire un livre est aussi facile que pour Donato Carrisi, Repose-toi sur moi est un chef-d'oeuvre de labeur et de précision. Il a dû falloir environ 3 heures de boulot à Carrisi pour écrire La Fille dans le Brouillard, qui est ce que j'ai lu de plus mal écrit depuis des années. On me rétorquera que là n'est pas la question, qu'il importe avant tout, dans un polar à succès, de donner à brouter une trame retorse et parfaitement montée. Oui, mais là, on est dans l'indigence pure. Le scénario tient, à l'arrache, sur la moitié du livre, surtout à cause du personnage principal, un flic antipathique qui utilise les médias pour résoudre facilement ses enquêtes. Une fille disparaît, et le gars sait parfaitement comment manipuler les journalistes et les télés pour obtenir gain de cause, quitte à piétiner allègrement les innocents qui ont eu le malheur de croiser la route de la jeune fille. Le roman se veut aussi le portrait d'un faux coupable, et de la machine judiciaire et médiatique qui se met en branle dès lors qu'un coupable possible est déniché. Curieusement monté, le livre erre de flashs-back en flashs-forward, retenant soigneusement ses informations qu'il détient depuis le début pour nous perdre dans sa trame impossible. Dans la deuxième moitié, alors que tout se dénoue, on va d'invraisemblances en impossibilités, de coups de hasard en coïncidences, et on cesse vite de croire à cette histoire idiote, où les coups de théâtre tombent toutes les deux pages. Cette surenchère dans l'efficacité bousille toute crédibilité, et on ricane devant les incohérences de la chose. Comme le livre semble écrit par un collégien appliqué, tirant la langue pour broder des sujet-verbe-complément avec 100 mots de vocabulaire, on se désintéresse vite, et on ne pense qu'à une chose : lire de la belle langue. J'ai commencé un Balzac, juste derrière.