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7 novembre 2016

Duel dans la Boue (These Thousand Hills) de Richard Fleischer - 1959

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En 1959, Fleischer invente le western sans événement, et il faudra bien une bagarre finale, il est vrai remarquable, pour justifier le titre français. A vrai dire, c'est même à peu près la seule scène vraiment valable dans ce film où le plus violent épisode consiste en un cow-boy qui dresse un cheval un peu excité. Résumons : Lat est un brave type, qui veut faire du fric, et est prêt pour ce faire à tous les boulots, dresseur de chevaux, cow-boy, chasseur de loups. Quand une prostipute aux yeux de biche (Lee Remick, très mauvaise) lui prête les 2000 boules pour lancer son ranch, le gars y va, et c'est aussitôt l'ascension. Il est nommé député, la ferme grandit, et il épouse... une autre nana (Patricia Owens, nettement mieux). Le bonheur serait parfait, si le destin ne le rattrapait sous la forme d'un ami bafoué qui sera pendu haut et court, d'un vilain qui tape les femmes et de la belle péripatéticienne. Que vaut l'argent et la célébrité face à l'honnêteté ? Hein ? Que vaut ? Notre gars Lat (Don Murray, pas vraiment les épaules) l'apprendra, et conservera intacte son idée du rêve américain : le flouze, c'est bien beau, mais encore faut-il pouvoir se regarder dans un miroir.

These-Thousand-Hills-Richard-Fleischer-1959-2

Fleischer filme joliment les scènes champêtres, et c'est à peu près tout ce qu'on nous donne à regarder. Toute la première partie, celle où le naïf compère apprend à élever du boeuf, est très belle. Dans un dispositif quasi-documentaire, où voir des vaches en troupeau est plus important que voir des gusses s'entretuer, le réalisateur filme avec soin le travail de ces gars. Depuis les champs jusqu'au train, en passant par le saloon final, on regarde avec plaisir ce quotidien filmé tel quel, et c'est vrai qu'on n'a pas besoin de beaucoup plus pour notre plaisir. Jolies couleurs, cadres professionnels, seconds rôles qu'on croirait prélevés directement dans les ranchs, c'est du beau travail. Dans ce cadre idyllique, Fleischer invente un personnage assez ambigu, candide et en même temps madré, innocent et en même temps vénal. Une scène domine dans cette partie : la course à cheval, tonitruante, qui se terminera bien, comme tout le film d'ailleurs. La deuxième moitié est plus fade, Fleischer ne prend pas le temps de nous montrer l'ascension de Lat, et inversement l'abandon progressif de ses principes, alors qu'on sent bien que là est son sujet. Du coup, quand Lat est envoyé à l'exécution sommaire de son ami, qu'il n'a pas vue venir, on ne ressent pas ce dilemme qui l'agite. Pas plus qu'on ne ressent son hésitation entre les deux nanas, l'une honorable et l'autre perdue. Le film va trop vite, ou prend trop son temps sur des scènes inutiles en occultant les scènes plus "psychologiques". Il y a heureusement la bagarre dans la boue, à la toute fin, qui remonte le niveau : encore une fois, Fleischer choisit le principe d'un quasi-réalisme, les gars se battent comme des beaux diables avec force grognements et moult meubles cassés. Finalement, le film se termine sur une critique un peu innocente du rêve américain et du règne de l'argent-roi, notre gars Lat se rachète une conduite et renonce à ses droits de sénateur, c'est tout à son honneur. Nous, on aura ajouté une croix à notre odyssée westernesque, c'est tout au nôtre.

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