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26 novembre 2016

La Loi de la Jungle (2016) de Antonin Peretjatko

"Sache qu’en France, il n’est pas nécessaire de s’y connaître dans un domaine pour en avoir la responsabilité. Par exemple le ministre de la Défense, tu crois qu’il sait faire du tank ?"

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Je dois reconnaître que j'avais une certaine hâte de découvrir le dernier film de Peretjatko qui nous avait régalés avec La Fille du 14 Juillet. La présence de l'inénarrable Macaigne et de l'ouragan Vimala Pons (c'est pas moi qui le dis, c'est le générique ; j'en profite pour faire passer un message personnel : Vimala, tu passes à la maison quand tu veux) venait forcément renforcer cette envie : Macaigne, l'acteur au timbre de voix si fragile capable de sortir l'air de rien la meilleure répartie de l'année (ci-dessus... Je ne m'en lasse pas et y suis d'autant plus sensible depuis que je traîne depuis peu (pour un temps que j'espère le plus court possible) dans le fonctionnariat frenchy) et Pons, l'actrice explosive aussi sensuelle nue qu'habillée (oui, bon, je me comprends). Peretjatko nous amène au cœur (sombre) de la jungle guyanaise pour une petite balade aussi absurde (pour ne pas dire buñuellienne) que burlesque. On rit de ces multiples vignettes mettant en scène nos deux bras-cassés (l'une, surnommée on ne peut plus à-propos Tarzan, l'étant un peu moins que cette châtaigne (tout autant bien nommé) de Macaigne – les femmes au pouvoir, once again, en 2016) ainsi que cette petite critique en creux de notre bien bonne société française.

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Peretjatko fait une nouvelle fois retentir la Marseillaise dès le générique, une Marseillaise qui sonne comme l'hymne d'un pays qui part à vau-l'eau : Marianne Républicaine lâchée en pleine jungle (sociale), à l'image de nos deux héros, stagiaires (les derniers capables d'agir) lâchés sur le terrain pour des projets sans queue ni tête (un pont reliant le Brésil et la Guyane interdit aux voitures, une station de ski en pleine jungle ou une jungle au Groenland) pendant que les grands décideurs organisent des tables rondes avec des financeurs à la con (Qatari, Chinois, représentants de fonds de retraite...). Les petites piques contre nos chères institutions et  administrations (un huissier et ses assistants "musclés") ou nos chers cadres d'entreprises (bien aimé ce type de la SCNF avec son fromage blanc dans la tête... aussi compétent après trépanation qu'avant) sont légion. Mais l'essentiel du film repose sur le ressort comique de notre duo de choc totalement perdu en pleine jongle. Sous un climat merdique (belle performance physique de nos deux jeunes acteurs qui mouillent leur chemise), dans un environnement hostile (serpents, insectes et autres crocodiles fourmillent), on sent que l'on a affaire à deux jeunes qui nen veulent, prêts à tout pour aller jusqu'au bout de leur mission - le fameux rapport de stage étant l'incontournable sésame (ou pas) pour une future carrière... Forcément, cette promiscuité forcée finit par déraper (l'abus d'aphrodisiaque étant dangereux pour la santé, sauf en présence de Vimala Pons) et Peretjatko trousse quelques saynètes très chaudes - et humides - dont cette séquence d'anthologie où Macaigne mord à pleines dents la petite culotte blanche d'une Vimala excitée comme une puce tropicale... On sourit souvent même si (ah ça y est, nous voilà au petit tournant critique) on est parfois un petit peu déçu par la répétition intempestive de certains gags, par des dialogues un peu paresseux (des pépites, certes, mais pas de feux d'artifice tout du long), des personnages un peu grossiers (le huissier échevelé, Légitimus en employé subalterne tout en mimiques...). Le montage un peu heurté, la bande musicale très riche (Jean-Michel Jarre, de Dieu, fallait oser !) mais parfois mixée façon bouillie (une tentative de varier les ambiances qui frôle parfois le brouhaha sonore), une image pas toujours très lumineuse font notamment un peu tiquer. On applaudit certes à deux mains les audaces de Peretjatko avec cette comédie hors-norme et hors des sentiers battus mais cette fois-ci on y mettra peut-être pas tous les doigts - et je n'ouvre pas de parenthèse... Foufou, drôle, déjanté, sensuel mais avec aussi d'évidents petits problèmes dans la finition.   (Shang - 05/11/16)

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Ne faisons pas la fine bouche : c'est top. La Fille du 14 juillet était excellent, mais n'arrivait pas à dépasser la comédie française d'auteur fauchée. Celui-ci va beaucoup plus loin tout en cachant soigneusement ses moyens, et si il est vrai que certains gags sont ratés, certains rythmes trop lents ou certains personnages un peu lourds (l'huissier, on est d'accord), cela fait partie du charme de la chose. La maladresse et l'amateurisme sont des obligations dans ce cinéma qui garde tout, le bon comme le mauvais, le trivial comme le sur-intello, le populaire comme l'érudit. La Loi de la Jungle, c'est, disons, L'Homme de Rio, Jour de Fête, Le Gendarme à Saint-Tropez, le tout filmé par le Jean-Luc Godard déconneur de Pierrot le fou et de Une Femme est une femme. Pas moins. On y côtoie des acteurs grand public comme Pascal Légitimus, et des acteurs intellos comme Mathieu Amalric ; on peut aussi bien y voir une critique acerbe de la colonisation ou du racisme, du kung-fu, du film d'aventures et du jeu de mots débile ; on y passe autant de temps à travailler un faux raccord intempestif, qui reproduit plusieurs fois de suite le même mouvement, qu'à y balancer du gros gag bien lourd. Une sorte de comédie totale, qui rassemblerait en un seul film toute l'histoire de la comédie française, de la plus bas-du-front à la plus raffinée. Et ça marche à mort. On se gondole comme des bossus devant les pitreries pas toujours très fines de nos deux héros, embarqués dans une aventure qui évoque nos samedis soirs d'antan, dans un grand souffle anar qui se moque complètement de l'incongruité de son esthétique.

LA LOI DE LA JUNGLE 2 PHOTO4

C'est potache, mal fait, lourd, et en même temps complètement tendance, travaillé avec une fausse nonchalance, et léger comme une plume. Il y a, par-ci par-là, de vrais grands morceaux de cinéma, comme dans les portraits de Vimala Pons que mon collègue énamouré a ajouté à sa chronique, comme ce travail très précis sur le puzzle sonore (à mon avis, très belle idée que de faire se téléscoper les morceaux de musique, comme le Godard des premiers temps, encore une fois), ou comme ces jeux avec le cinéma et la pellicule. On y découvre en plus une critique virulente de la société bureaucratique, et des portraits d'expats absolument fendards (Amalric, en cow-boy arrivé au bout du monde façon commandant Kurtz). Il faut certes en passer par des scènes moins réussies, plus lourdaudes, et Peretjatko se laisse même aller, à quelques reprises, à une bluette sentimentale moins inspirée. Mais le gars affine son style avec brio, ressucite sans complexe Belmondo et Pierre Richard, et livre la comédie la plus fraîche, la plus décalée et la plus satisfaisante de l'année. Conquis.  (Gols - 26/11/16)

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