3000 Dollars mort ou vif (Four Faces West) (1948) d'Alfred E. Green
Voilà un western fort sympathique de l'ami Green, un petit maître du genre qui signe un « road-far west » très romantique : Joel McCrea (d'étranges faux airs de Gabin quand il est fatigué... ou c'est moi) incarne un petit bandit de grand chemin ; désireux d'avoir un "prêt", il braque une banque (il se dit d'ailleurs prêt à rembourser ladite somme, somme qu'il destine, comme on l'apprendra par la suite, pour son pater : un bon gars, quoi, qui n'aime juste pas trop discuter). Le pauvre hère se retrouve pris en chasse par THE shérif, Pat Garrett lui-même (incarné à la perfection par le sage Charles Bickford, moustachu et paternaliste à souhait) : autant dire qu'il va falloir qu'il coure très vite pour échapper à cet éternel et intelligent traqueur. Heureusement pour notre homme, il va croiser dans sa fuite la bien gentille Frances Dee, infirmière de son état, qui va tomber sous son charme et un certain Monte Marquez (Joseph Calleia), un Mexicain débrouillard qui va se prendre d'amitié pour ce fuyard à l'allure guère effrayante. Une traque, de l'amour, de l'amitié et des paysages du grand ouest filmé à la perfection : on en a, à l'image du titre, pour notre argent.
Lorsque la chtite Frances contemple les paysages de l'Ouest, elle, la gâte de l'Est, ne peut que constater les dégâts : une végétation désertique qui prête plus à la méditation bouddhiste qu'aux grands délires romantiques. Et pourtant. Dès le départ, quand notre ami McCrea la croise dans ce train (il s'est fait piquer peu de temps avant, lors de sa fuite, par un serpent : c'est elle, en quelque sorte, qui va le soigner de son mal, de ses instincts hors-la-loi et le mettre sur la bonne voie), on sent l'alchimie s'installer entre nos deux âmes solitaires. Ils entament un long voyage et seront tout du long inséparables : une fois arrivés à bon port, l'évidence s'impose, ils sont diablement amoureux l'un de l'autre... Seulement voilà, McCrea doit entamer une longue rédemption pour avoir le droit de vivre dans la légalité : il aura droit à une traversée du désert à dos de taureau (pas commun et presque poilant), à sa mise à l'épreuve "lazarienne" en ressuscitant une famille atteinte par la diphtérie puis au face-à-face crucial avec le dieu de la loi Pat Garrett. Un vrai chemin de croix tout en mouvement (sublime noir et blanc qui fait ressortir les personnages perdus au milieu de ces paysages désertiques) et très attachant grâce à la belle histoire qui se noue entre le Joel et la Frances : un bien joli western pour reprendre pied avec cette odyssée sans fin.
Go old west, here