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29 juillet 2016

Afrique 50 (1950) de René Vautier

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Voilà un documentaire comme on les aime, un documentaire en forme de grosse baffe au rôle "civilisateur" (et désintéressé, of course) de cette France colonialiste. Vautier, lors des cinq premières minutes, semble vouloir envoyer une petite carte postale exotique de cette terre africaine : les gamins qui sourient et jouent, les petits métiers locaux, la routine quotidienne... Les images s'enchaînent, le commentaire semble apaisé. Seulement rapidement notre commentateur va hausser le ton et envoyer plusieurs uppercuts : les compagnies coloniales françaises (et européennes) qui font des bénéfices outrageux en prennent pour leur grade, les exactions de l'armée française qui déciment des villages ne payant point l'impôt sont dénoncées de façon véhémente... Les mots sont cinglants et disent tout haut ce que les images montrent là-bas : des barrages construits pour fournir de l'électricité aux blancs (et des noirs qui triment pour le faire fonctionner : pas besoin d'installer des turbines électriques, la main-d’œuvre coûte une paille), des péniches qui s'échouent et des noirs qui suent sang et eau pour la remettre à flots (pas besoin de dépêcher un remorqueur et de brûler du mazout, la main-d'œuvre est cadeau). On exploite, on pille, on tue, on massacre en toute impunité. Les derniers mots souhaitent un soulèvement de ce peuple africain contre ce pouvoir colonial - on se doute que cette gentille petite carte postale sonore ne fut point montrée en son temps dans toutes les écoles métropolitaines (le film ayant été tourné à l'origine pour "la ligue de l'enseignement")...

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Toute la réussite de ce court tient dans cette façon d'élever le ton pour faire résonner cette diatribe contre les colons et le gouvernement colonial français : les images, elles, "se contentent" de montrer de bout en bout le quotidien de ces hommes et de ces enfants au travail - le choc des mots, la terrible "banalité" de ces images montrant des êtres humains bossant pour rien. Quelques inserts tracent des parallèles guère plus reluisants : si le bousier roule sa boule, c'est pour faire des réserves - l'africain, lui, n'a pas même cette opportunité. Les vautours sont bel et bien ces grandes compagnies coloniales qui ne se contentent pas d'observer de loin leurs proies au boulot ; lorsque celles-ci sont incapables de se plier aux taxes imposées par la France, elles sont purement et simplement exécutés, décimés. Vautier, véritable précurseur dans ce domaine, met les pieds dans le plat de l'exploitation coloniale et dresse un bilan en dix-sept minutes pesantes qui fera date. De quoi donner envie de se pencher plus en avant sur l'œuvre du René (et le clin d'oeil obligatoire à C. pour la suggestion).

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