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10 juin 2016

Le Tournant décisif (Velikiy Perelom) (1946) de Friedrich Ermler

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Voilà un film russe un peu âpre, relativement bavard mais qui nous montre avec un réalisme certain les coulisses de la guerre côté russe lors de la bataille de Stalingrad. Le général Mouraviov (Mikhail Derzhavin qui livre tout du long une prestation des plus convaincantes) vient tout juste d'être nommé à la tête de l'armée sur le front de Stalingrad. Les Allemands n'ont de cesse de progresser et c'est un peu sauve-qui-peut chez nos amis russes. Mouraviov sait qu'il peut encore compter sur des troupes de réserve mais tarde à les lancer dans la bataille au grand dam des différents responsables militaires qui en chient sur le front. Sait-il d'ores et déjà, en son for intérieur, que cette bataille est perdue d'avance et qu'il ne sert à rien de sacrifier des troupes ou tente-t-il, en fin stratège, d'attirer les Allemands dans un piège ?

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Alors oui, au départ, à voir notre gars Mouraviov rencontrer une multitude de responsables militaires dans son QG ou à quelques mètres du front, on se dit que cette œuvre risque d'être un peu rêche. C'est bien gentil de nous expliquer par le menu la façon dont la guerre se joue en coulisses mais ce n'est pas non plus ce qu'il y a de plus cinégénique au monde. On se prend tout de même progressivement au jeu tant la tension se met à monter dans ce QG à l'atmosphère de plus en plus anxiogène. On comprend que Mouraviov, obéissant à ses grands patrons communistes, a en tête une stratégie finaude et secrète et qu'il va lui falloir tenter un véritable coup de poker pour donner "un tournant décisif" non seulement à cette bataille mais aussi à cette guerre... Notre homme n'a pas fini de prendre sa tête entre ses mains et va vivre, dans un silence absolu, les dix minutes les plus terribles de sa vie.

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Ce film d'hommes entre eux est bavard, disais-je, mais les discussions entre ces bonnes vieilles tronches russes vont bon train et l'on ne se perd jamais en route. Quelques épisodes effroyables ajoutent du piment à la sauce (Mouraviov apprenant la mort de sa femme peu de temps après l'avoir croisée, la séquence héroïque où le chauffeur attitré de Mouraviov va se sacrifier sur le front pour rétablir une liaison (il meurt avec les fils dans sa bouche ! Seuls les Russes peuvent nous servir des scènes aussi extrêmes sans paraître ridicules…), la décision de destituer l'un de ses proches du commandement d'une armée qui occupe une position cruciale...) et le final s'avère contre toute attente relativement palpitant : Mouraviov a-t-il fait le bon choix stratégique ? Une simple décision qui a tout d'un coup de bluff peut parfois suffire pour renverser la tendance... Les scènes de bataille dans un paysage totalement en ruines ajoutent une pointe de véracité à ce récit qui se révèle au final relativement angoissant. Un film réalisé dans la foulée de la fin de la guerre et où l'on sent déjà poindre, dans cette indéniable fierté russe à vouloir se sortir sans l'aide des alliés de cette terrible bataille, les premiers flocons de la Guerre Froide : en route pour Berlin, pour une victoire que l'on ne doit qu'à nous-mêmes ! On connaît la suite, ils ne lâcheront plus rien. L'arrière-cour de la guerre filmée au plus près : une oeuvre de totale immersion.

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Quand Cannes,

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