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11 avril 2016

L'Insoumise (Jezebel) (1938) de William Wyler

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C'est à une parabole dans les règles de l'art que l'ami Wyler nous convie avec la petite Bette figurant l'archétype de l'égoïste capricieuse avant de devenir celle qui se sacrifie magnifiquement par amour. Une sorte de rédemption si vous voulez. En sparring-partner, on retrouve le gars Henry Fonda habitué au rôle de type super trop gentil. Pestiféré en début du film à cause de Bette (elle décide de porter une robe rouge à un bal où les robes blanches, un peu comme à Wimbledon, sont de mises : c'est particulièrement stupide, digne d'une petite peste caractérielle qui veut attirer l'attention, et ce d'autant qu'elle semble avoir oublié que le film était en noir et blanc), il le sera à nouveau à la fin du film, au sens strict cette fois-ci (maudite fièvre jaune) : Henry, touché par la fatalité comme s'il payait son amour pour la sale Bette, semble ainsi avoir un don pour faire le vide autour de lui - Wyler s'amuse d'ailleurs par deux fois à le mettre en scène comme une victime au centre de l'arène (le fait qu'il comprenne vingt ans avant tout le monde le tenant et les aboutissants de l'opposition entre le Nord et le Sud n'arrangeant pas son cas - les précurseurs ont toujours payé le prix fort). La Bette comme touchée par la grâce de la jeunesse en début du film apparaît sous ses meilleurs airs avant de prendre cette petite mine de méchante femme qui lui collera à la peau (ce petit minois sournois) une grande partie de sa carrière. Elle parviendra tout de même en fin de course, alors que l'heure de l'Apocalypse semble avoir sonné sur terre (impressionnantes, ces séquences où les morts et les mourants sont transportés dans des carrioles par des blacks torses nus), par trouver en elle des ressources d'humanité. Une sorte de chemin de croix de la Jezebette.

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Wyler sait soigner ses confrontations-clés. Qu'ils s'agissent des disputes entre Fonda et Davis au début du film (lequel cédera en premier, difficile à dire tant ils savent faire montre l’un et l’autre d'ingéniosité dans le chantage), des discussions viriles qui tournent rapidement au duel (tu m'offenses, je te tue - cela permettrait d'y voir tellement plus clair, aujourd'hui, au niveau des hommes d'honneur en politique... mais le Sénat ne votera malheureusement jamais une loi préconisant le retour au duel), ou encore de la scène fantastique et tendue comme un arc en cuir entre Bette et Fonda : celle-ci souhaite qu'il lui redéclare sa flamme et le Fonda lui présente sa femme (pas de bol). Le ciel tombe sur la Bette mais elle a encore quelques tours dans son sac pour pourrir la situation... La Bette se révèle être une véritable manipulatrice, une indéniable plaie à tel point que l'épidémie de fièvre jaune finit par faire pâle figure par rapport à sa vilenie... Wyler a toujours autant de talent pour filmer aussi bien les face-à-face que les scènes avec trois mille figurants (le bal, la scène de gospel, l'évacuation des morts...), figurants auxquels il parvient à chaque fois à donner une once de relief, d'identité (en particulier pour ces petits gamins blacks qui tournent autour de la Bette mis en scène de façon croquignolette et non condescendante - ce n'est pas si courant, sauf erreur). Encore un Wyler avec du souffle, de l'esprit et un vrai vent d'humanisme, Wyler ne sacrifiant jamais totalement aucun de ses personnages (sauf, Fonda, of course, presque par définition pour ne pas dire par « aptonymie » (ne soyons pas cuistre...), l’éternelle bonne pâte de service).

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