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26 avril 2016

The End (2016) de Guillaume Nicloux

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Suite à un rêve qu'il avait fait (à chacun ses inspirations), Guillaume Nicloux entraîne Gerry Depardieu et le spectateur dans un cauchemar éveillé. Le film est intrigant et je pense qu'une fois qu'on a dit cela, on a dit l'essentiel... Intrigant et motivant parce qu'on ne se sait absolument jamais ce qui va se passer dans les secondes qui suivent. Cette chronique est donc relativement inutile pour toute personne qui n'a pas vu le film : si vous n'avez pas envie de le voir, vous n'allez pas la lire (quoique, il y a chez nous des pervers) ; si vous voulez le voir, ben voyez-le et ne lisez pas non plus cette chronique (ouais, j'écris juste pour Gols en fait), l'intérêt principal de la chose étant qu'il faille s'attendre à tout... Seul l'effet de surprise est vraiment, à la limite, titillant... Pour le reste, c'est au spectateur de remplir les trous et autant dire qu'ils sont nombreux dans le morceau de gruyère filé/filmé par Nicloux.

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Soit donc Gerry D. partant avec son chien ("Yoshi, qu'il est con ce chien !", une des meilleures répliques du film) à la chasse sur "la route des lapins" - c'est pas drôle en soi mais dès le départ on se marre à voir notre Gégé national bougonnant avec son fusil - il nous en faut peu, ça tombe bien, on aura pas grand-chose. Gégé/Gerry perd son chien ("le con !"), perd son chemin et épuise vite sa bouteille de Schweppes agrumes (dont je suis également friand). Voilà, voilà. Au bout de vingt minutes, on se dit qu'on assiste à une drôle de balade/débandade en forêt avec un Depardieu de plus en plus vénère - et il ne se passe toujours pas grand-chose. Dans l'heure qui suit, il y aura bien deux-trois péripéties (si on compte les scorpions) mais reconnaissons qu'il n'y aura pas énormément de grain à moudre. C'est justement là le côté sympathique de la bête parce que chacun commence à se faire son propre film : on est dans une sorte de Near Death Expérience sauf que le Gégé ne semble pas vraiment avoir choisi au départ de "se perdre". Mais il est complétement lost et on se dit que cette oeuvre serait un bon film testament pour le Gérard : un type avec sa gouaille et son couteau qui s'enfonce dans la jungle de la vie et qui finit par se perdre en route... Il arrêterait là, que ce serait tout à son honneur - mais le Gégé est immortel et a encore une bonne centaine de films devant lui... Il croisera en route en tout et pour tout  un jeune con chelou, une gonzesse fantomatique sortie d'un film d'horreur nippon - qui représente la mort ou l'amour, c'est selon (c'est un peu fourre-tout, je vous l'accorde) - et puis Xavier Beauvois qui l'aidera... Une oeuvre ouverte, en quelque sorte, avec une fin ouverte (Gégé est "le narrateur du Horla de Maupassant", Gégé est toute la littérature française...) qui laisse un peu pantois (j'imagine déjà la tête de certains : "mais c'est complétement con !") mais dont la vision s'avère jamais déplaisante. Non jamais déplaisante car toujours intrigante (j'y reviens) et parce qu'il y a notre masse Gégé, un roc, une limace, une montagne en mouvement, un type qu'on a vu grandir et grossir et dont chaque réplique ("putain de bordel de merde, ça fait chier", de mémoire) est du Canigou pour tout ami des bêtes. Plus il s'enfonce dans la mouise, dans le doute, plus le Gérard m'a fait marrer avec son air bougon et ses 120 kilos de bidoche qu'il traîne comme un fardeau - un genre de Sisyphe des temps modernes qui recommencerait chaque jour le même cauchemar (on peut se laisser aller au niveau de l'interprétation et des références (on pourrait aussi citer Buñuel, Ferreri ou que sais-je...) : il y a en effet de quoi se faire plaisir dans ce film qui laisse entièrement libre votre propre imaginaire). Bref une expérience pas si mortelle que cela et un sacré ovni dans la production française actuelle - ce qui mérite toujours d'être salué. Maintenant libre à vous de. ♫ This is the end ♫   (Shang - 09/04/16)

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On ne peut guère ajouter grand-chose au texte de mon camarade de jeu : voilà un film surprenant, qui affronte le genre le plus mal aimé du cinéma français, le fantastique, et le fait avec une belle poésie. Souvent les films basés sur les rêves sont un peu chiants, et dénués d'enjeu puisque tout peut arriver, et de ce fait rien n'arrive. Mais là, Nicloux touche de très près la texture des cauchemars les plus angoissants. Il y a dans cette étrange façon de filmer la forêt, dans ce rythme heurté, dans l'aspect vide (en surface) de la trame, quelque chose de terrifiant, une étrange inquiétude qui imprègne le film dès les premiers plans. L'absurdité de ce qui se passe nous fait très vite cesser de rechercher une logique narrative dans le scénario, et on se concentre sur les seuls épisodes "au présent" de la trame : la rencontre avec le garçon, génialement dirigée et filmée (l'art du champ/contre-champ est un art très subtil, que Nicloux possède à la perfection) est sûrement le point culminant de la chose : rien n'y est dit ou presque, mais on sent que le personnage principal se tient là en bordure d'un autre monde, morbide, dangereux, comme dans certains textes de Lovecraft où il suffit d'un pas pour plonger dans l'enfer. Depardieu n'y plongera (pratiquement) jamais, mais se tiendra toujours à l'orée de l'horreur. On le sent rien qu'à la mise en scène, très inspirée, qui sait gérer à merveille l'immobilité, la surprise, l'attente, le presque rien qui fait vriller la réalité, le dialogue (un seul dans le film, mais superbe).

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Et puis il faut ajouter que depuis quelques films, notre Gégé revient en très grande forme. Les neuf dixièmes du film sont constitués de plans sur lui errant dans la forêt, de gros plans sur son visage surpris ou agacé, d'enregistrements de souffles rauques et de jurons grommelés, et voilà longtemps qu'on n'avait pas senti le compère aussi bien regardé, qu'on avait pas senti combien sa présence, même obèse, même épuisé, n'était aussi forte à l'écran. Subtil et habité, il fait ici une performance tout en sobriété, et remet les pendules aux heures de ceux qui le voyaient mort et enterré. Au final, The End, même s'il sent parfois un tout petit peu le petit malin qui veut faire son film expérimental, est un film superbe. ♫ Beautiful friend ♫   (Gols - 26/04/16)

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