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4 avril 2016

Un Héros de Tokyo (Tokyo no eiyu) (1935) de Hiroshi Shimizu

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Dans ce petit film muet d'une heure tout juste, Hiroshi Shimizu, nous conte, soyons franc, un récit où les sales coups du sort sont pléthores. Soit donc un gamin qui a perdu sa mère (Tomio Aoki, vu et revu chez Ozu, as Kanichi - interprété plus tard dans le film par Mitsugu Fujii) qui attend son père au train : le temps passe (joli montage en plan fixe avec tous les gamins avec lui qui disparaissent peu à peu) et son pater n'est toujours pas là - c'est qu'il a de haute responsabilité, le père. Pour s'occuper du gamin, ledit père décide de se remarier avec une femme qui a déjà deux enfants. Bien. Puis il disparaît, sa boîte semblant avoir des problèmes de gros sous. Moins bien. La jeune femme (la paisible Mitsuko Yoshikawa) doit donc, seule, élever trois gosses... Elle n'est pas assez jeune pour être serveuse, a trop d'enfants pour être domestique, pas assez de diplômes pour être secrétaire... Qu'est-ce qui reste ? Patronne de bar à putes, on est bien d'accord, pas le choix pour survivre et éduquer correctement des gosses. Seulement l'info, on l'aura plus tard. Les trois gosses sont grands et au taquet (les deux garçons à l'université, la fille en passe de se marier) mais patatra : juste après le mariage, la jeune femme est renvoyée à sa mater... l'époux ayant appris le taff de cette dernière. Là où cela devient intéressant, c'est lorsque les deux garçons apprennent la nouvelle : l'aîné, Kanichi, est solidaire avec sa mère ; le plus jeune, Hideo est dégoûtée, comme si l'image de la sainte femme se désintégrait sous ses yeux (le face à face avec celle-ci dans le bar qu'elle a monté est tendue comme une corde à linge dans le vent).

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Du coup, on assistera au parcours sérieux et glorieux de l'aîné dans le journalisme et à celui alcoolisé et pathétique du plus jeune dans la pègre. L'un qui parviendra à régler son compte à son père (devenu un ponte dans la pègre, le salopiot) en sortant un article sur ses exactions, l'autre qui verra son compte réglé par un yakuza (Hideo apprend qu'il bosse pour son propre père (il est décidément maudit, le gamin), se barre et est assassiné par l'un des siens pour, croit-il, trahison - le petit jeu d'Hideo est over). Deux trajectoires opposées qui ont dû subir le sacrifice d'une mère (le plus jeune ne le comprenant que trop tard) et l'absence d'un père affreusement lâche. Le récit est concentré, joliment tenu au niveau de l'enchaînement des divers péripéties, on regrette juste un peu que les personnages ne soit pas un petit peu plus développés (notamment la mère et le père qui cachent super bien leur jeu ; mais aussi la fille de Mitsuko qui va suivre les traces de sa mère dans le domaine de la prostitution). Du mélodrame qui sait tenir son rang et une petite morale qui s'impose sans excès de violons ni éclats de voix. Encore un Shimizu qui tient bien la route.

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