Child of Divorce (1946) de Richard Fleischer
Premier film de Fleischer sur, pas de surprise, une enfant du divorce. La chtite Roberta, dans l'une des premières scènes du film assez marquantes, est avec des amies lorsqu'elle voit sa mère... embrasser un autre homme. C'est une scène pré-truffaldienne et doublement cruelle : non seulement la chtite perd un bras devant l'infidélité de sa mère mais elle perd également l'autre en devant subir les moqueries des autres enfants. C'est la soupe à la grimace à la casa. Lorsque le père revient (il est souvent en voyage), il ne tarde pas à soupçonner qu'il y a anguille sous roche (toujours se méfier d'une jeune femme qui dit passer soirée à jouer au bridge). Sa femme, un poil prise en faute, avoue l'adultère. Le pater demande depuis combien de temps ce petit jeu dure, histoire de minimiser la bagatelle : "un an" dit-elle - il perd une jambe. Bon prince malgré tout (un gentleman classique), il lui fait comprendre qu'il est prêt à passer l'éponge. Mais sa femme, elle, souhaite vraiment le quitter - il perd l'autre jambe. Il y aura procès - avec cette terrible image de la chtite amenée à témoigner (joli plan qui filme le micro bout-de-chou débarquant dans cette immense salle d'audience - on saisit l'image : elle n’est pas à sa place...) : la gamine a d’ailleurs bien du mal à aligner deux phrases cohérentes et on se quitte finalement "sans autre forme de procès" - la mère récupère la chtite pendant l'année et le pater l'aura pendant les grandes vacances. Baste.
La gamine en veut à mort à sa mère et lui fait la tronche pendant des mois (son nouveau compagnon est totalement dépassé par le problème) : elle ne rêve que d'une chose, retrouver le pater auréolé aux prochaines vacances (elle coche les cases de son calendrier comme une jeune prisonnière - la mère est aux abois). Le jour J arrive enfant : ah, mon pater pour moi tout seul... Ben pas vraiment : une jeune donzelle fait son apparition et se présente comme une très bonne amie dudit pater. La chtite Bobby tombe une nouvelle fois de très haut... Sa chute n'est pas finie (Fleischer lui fait boire le calice jusqu'à la lie) puisque le pater avoue rapidement ne pas trop savoir quoi faire de la gamine ; il propose à son ex de la garder ; "bah, tu sais, chez nous, elle est malheureuse"... Reste une option, un bon vieil internat ! La lie est amère. Fleischer réussit un joli final... sans happy end avec une dernière phrase d'un fatalisme absolu "We just have to wait to grown up" lancent Bobby et sa camarade de chambrée... La magie de l’enfance… Tu parles, Richard : les gamins, c’est bien et mignon comme tout, surtout en photo… Un tout petit budget, un film parfois aux allures de petite série B pour ne pas dire de téléfilm – sans vouloir être méchant, Fleischer faisant avec -, mais un fond amer et caustique qui parvient, en une heure, à secouer un peu son homme. L'œuvre finaude et rugueuse de ce cher Fleischer est en marche.