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11 mars 2016

Maborosi (1995) de Hirokazu Kore-eda

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Un premier long-métrage assez singulier de Kore-eda, à la dimension, si jamais cela peut vouloir signifier quelque chose, métaphysique. Pas facile, au départ, de rentrer dans cette oeuvre où Kore-eda prend le parti de filmer, d'assez loin, ses personnages principaux. Il sera beaucoup question de "départ" dans ce film, des départs - au nombre de trois - qui seront les principaux ressorts de l'histoire. Maborosi s'ouvre d'abord sur un rêve étrange, celui que Yumiko (Makiko Esum) fait de sa grand-mère : une grand-mère bien décidé à rentrer dans son village natal, de fuir la ville - Yumiko tente bien de la retenir mais ne parvient pas à la faire changer d'avis... Un premier rêve assez troublant avant que l'on suive "de loin", les amours de Yumiko avec son jeune mari ; après le rêve troublant viendra le pur cauchemar : les flics débarquent un soir chez Yumiko pour lui demander de venir reconnaître la dépouille de son homme broyé par un train... C'est pas gai gai, l'atmosphère est, on s'en doute, un brin dépressive.

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La grande force de ce film, c'est sa cinématographie : Kore-eda ne va pas avoir besoin d'énormément de mots pour continuer à nous conter son histoire. Yumiko, avec son jeune gamin, va partir dans un petit bled nippon en bord de mer pour se mettre, quelques années plus tard, avec un homme qui éduque lui aussi seul une petite fille. Pendant toute une partie du film, on suit ce nouveau départ, cette nouvelle aventure auprès de cette mer très agitée. On devine la douleur et l'incompréhension de Yumiko, on devine son mal-être, ses interrogations et pour ce faire il n'est pas besoin de longs dialogues psychologisants. Il y aura un nouveau rebondissement (la disparition d'une vieille pêcheuse de crabes que Yumiko a vu partir en direction de la mer, à l'aube : Yumiko aurait-elle dû l'empêcher de partir, on se demande si la pauvre n'est pas quelque part maudite...) puis une séquence magnifique, libératrice (?) où l'on verra (là encore, à distance) Yumiko suivre une longue procession funèbre en direction de la mer. Parviendra-t-elle à faire ainsi enfin son deuil de cette disparation (celle de son mari, la femme pêcheur est finalement revenue) si traumatisante ? Un film qui nous laisse un peu entre "deux eaux" (qui nous tient relativement à distance, « physiquement », de son personnage principal tout en parvenant à nous faire ressentir très finement ses états d'âmes) mais dont la puissance de certaines images est indéniable - un film qui nous "infuse" progressivement comme on le dirait d'un thé laissé volontairement dans l'eau pour dégager toute sa saveur. Hypnotique comme on le dit des films un brin ennuyeux mais qui nous tiennent sous leur coupe.    

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Commentaires
T
Malkmus approuve votre choix de mots: je préfère approuver votre choix de photogrammes, qui rendent si bien l'atmosphère du film: les cadrages de Kore-Eda disent mieux que des mots la distance qui sépare les personnages.
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M
Hypnotique comme on le dit des films un brin ennuyeux mais qui nous tiennent sous leur coupe : c'est tout à fait ça.
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