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15 février 2016

Cent Jours après l'Enfance (Sto dney posle detstva) (1975) de Sergueï Soloviov

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Voilà une bien jolie histoire russe, une histoire à la jonction de l'enfance et de l'adolescence (la belle promesse du titre) comme on les aime en ces colonnes. Un camp de vacances, un été, un groupe de jeunes gens et l'un d'eux qui fait sa toute première « expérience si douce et si cruelle » (cette facilité à tomber raide dingue d'une beauté qui nous ignore) de ce que certains nomment lioubov. Il y a dès le départ toute la simplicité d'un regard sur celle que l'on a toujours connue, et toute la violence de cette soudaine émotion, de ce coup de foudre, teintées d'attraction (terrestre) - notre doux jeune homme, Mitya, au coeur un peu trop fragile s'évanouit : bienvenue au club des âmes en peine, mon ami. Notre jeune Mitya n'aura de cesse de chercher à capter l'attention de cette pure jeune fille en fleur (une adolescente au fort joli minois) qui a apparemment déjà jeté son dévolu sur le "poseur" du groupe, un certain Gleb (cette capacité qu'ont les femmes d'être attirées par le plus lourd, par le mauvais... je dis ça, je dis rien). Une première expérience destinée à rester au rayon des regrets ou capable de se transformer en doux miracle de la vie ? Suspense en terre soviet.

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Soloviov ancre son récit en terre nabokovienne avec nombre d'épisodes incontournables : représentation théâtrale avec mise en abymes, journée de travail de cette belle jeunesse dans les champs, jeux d'enfants qui tournent au duel, scènes de danses enfantines déjà diablement chargées en émotion forte (la première fois que l'on tient celle que l'on aime dans les bras... ou qu'on la voit dans les bras d'un autre, ce qui est plus autobiographique). Mitya est dès le départ prêt à tout pour attirer le regard de sa belle (il va jusqu'à se plâtrer en hommage à un personnage littéraire), en pure perte. Il y a la silhouette un brin hautaine de ce Gleb à laquelle sa douce semble être scotchée : est-ce pour cacher sa timidité, pour mieux observer du coin de l'oeil le Mitya ou est-ce tout simplement parce qu'elle préfère ce jeune garçon un peu arrogant (oui, la vie est parfois mal faite) ? Mitya, un poil frustré dans ses approches, va finir par provoquer directement ce grand sec de Gleb (Mitya est aussi doué que moi pour la baston, je compatis mon gars) puis par oser l'écriture d'une lettre pour fixer un rendez-vous à sa « promise » : le premier instant de vérité pour comprendre l'expression "se sentir pousser des ailes" ou son alternative "mordre la poussière".

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Soloviov réussit avec un certain brio nombre de séquences-clés de son récit initiatique : l'évanouissement initial romantico-dramatique, la superbe scène d'initiation à la danse (Mitya demande à une autre jeune fille de lui apprendre à danser... au cas où... le chant de cette jeune fille est déjà tout un poème en soi et la scène en plein air est résolument magique), les répétitions théâtrales avec les doutes, les approximations et les premières expérimentations sensibles, la baston qui tourne court et l'ultime premier rendez-vous où l'on joue sa vie (façon de parler... ou pas) ; Soloviov, quelle que soit l'issue de cette déclaration amoureuse, place de toute façon le débat sur un autre plan : le plus important dans les souvenirs d'enfance ne sont point qu'ils soient particulièrement bons ou mauvais, c'est avant tout qu'ils soient (je ne sais si je suis clair, lui il l'est). Il y a en outre dans cette délicieuse histoire d'amour en herbe quelque chose d'indéniablement russe (un contexte, des références littéraires, une hypersensibilité, un sens du banal côtoyant le dramatique) avec un soupçon shakespearien (on peut penser au Songe d'une Nuit d'Eté lors duquel A aime B qui aime C...). Il y a enfin aussi bien dans le jeu des ados que dans cette façon de filmer la nature, une distance toujours très juste qui fait que l'on plonge dans ce récit en un claquement de doigt : si l'on avait un jour imaginé l'atmosphère d'une nouvelle de Nabokov (au hasard), cela devait ressembler à ça. Un petit instant de grâce signé Soloviov (et mis en image avec une belle efficacité par un certain Leonid Kalashnikov – cela se passe de commentaires).

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Commentaires
B
Se bonifier ? Non , sorry , pas le bon terme . Atteindre un statut de classique perso sur l'enfance , yes .
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B
Ah , un thème cher à nos Gols avec ce film , oui , filmé à juste distance comme on dit . Les premiers émois , les maladresses , les tourments dans cette nature luxuriante et sécurisante . Un sentiment particulier et très appréciable à la fin de ce joli conte qu'il me tarde de rebalancer dans la platine du coup . Doit vachement se bonifier au fil des visionnages celui-là , feel it in my bones .
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