Legend (2016) de Brian Helgeland
Tom & Hardy sont les frères Kray : on comprend facilement ce qu'il peut y avoir de tentant pour un acteur (2015, l'année Tom Hardy puisqu'après avoir incarné ce fou de Max, il a tenté d'enterré vivant Di Caprio) de jouer des frères jumeaux surtout lorsqu'ils sont gratinés : outre le fait d'être gangster, l'un est un schizophrénique violent, l'autre un violent charmeur. Hardy envahit donc l'écran, parfois doublement, pour incarner ce couple infernal auquel pas grand-chose ne résistait dans le Londres des sixties : gang adverse, jeune fille mimi (c'est Emily Browning qui s'y colle et la donzelle a du chien), police, politiques, ils ont tôt fait, les bougres, de les avoir à leur botte ou sous leur botte - ils ont l'air mignon, comme ça, dans leur costard repassé par leur mère, mais faut se méfier de l'eau qui dort : lorsqu'ils sont tout colère avec un poing américain, un flingue ou un couteau, ils peuvent aisément te dépecer ton homme (même la donzelle, d’ailleurs, en aura pour ses frais). Ceci dit, s’ils s'y connaissent au niveau de la manière forte, ils ne sont pas toujours super forts au niveau diplomatique : le schizo est souvent con comme un bol de céréales mixtes dans les affaires et le charmeur aussi tendre avec sa compagne que le rosbeef de ma grand-mère (on n'y a laissé plusieurs couteaux). Pour corser le tout, ils arrivent même parfois à se mettre sur la gueule devant leurs propres sbires. Cela ne pouvait que finir mal ? Je ne vous fais pas dire.
Et le film, sinon, qu'en est-il ? Bah, la reconstitution n'est pas trop lourdaude, les montées de violence saignantes de ces "affranchis" d'outre-manche sont dignes et le Hardy semble s'amuser comme un dingue de passer d'un Kray à l'autre... Mais ça ne fait pas tout. Helgeland semble tout d'un coup en avoir un peu marre de nous montrer le "milieu" swingant de l’époque pour se focaliser sur l'histoire d'amour foireuse entre le Kray charmeur et Emily... Celle-ci, une fois mariée, se rend rapidement compte que potiche de gangster, c'est pas une vie super saine et commence à péter un plomb (abusant salement de petites pilules). D’où embrouilles à répétition. C'est bien gentil, mais c'est loin d'être l'aspect le plus passionnant de la chose et la "legend" promise en titre se dégonfle assez vite... Un film qui a parfois du rythme, moui, mais qui ne vaut pas plus que ce que l'on était en droit d'attendre d'un film anglais, voyez. Juste divertissant, à tout prendre, à l’heure du thé.