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9 janvier 2016

LIVRE : Mon Ange (La casa de los náufragos - Boarding home) de Guillermo Rosales - 1987

Rosales_1Si vous avez envie d'une bonne grosse paire de gifles pour réchauffer vos corps glacés, je vous conseillerais d'aller faire un tour dans la Floride de Guillermo Rosales : Mon Ange devrait faire rougir vos joues, non seulement à cause du coup qu'elles recevront, mais aussi à cause des larmes qui couleront sur icelles. En gros, voilà un livre qui vous fera du mal. Il y est question d'un écrivain cubain exilé à Miami, et enfermé dans un asile de fous qui a tout du camp de concentration pur et simple. Tenue par un exploiteur infâme, surveillée par un tortionnaire sans scrupule, la faune qui peuple ce "boarding home" a tout de la cour des miracles, et le "héros" va peu à peu voir sa raison vaciller au contact de cette lie de la société abandonnée entre ces quatre murs, humiliée et rackettée par le gardien, violée et matraitée, droguée jusqu'aux oreilles. Avec des mots simples, dans un style ramassé et jamais "littéraire", Rosales enregistre ce qui se passe sous la surface idyllique du Rêve américain. Le fait que son enfer trouve sa place à Miami, la ville ensoleillée emblème d'un certain bonheur capitaliste américain, rend les choses encore plus effrayantes : on nous présente un véritable trou noir dans ce cadre rêvé, et on nous montre comment un homme, cultivé, raffiné, plutôt bon, peut se perdre au sein de ce paradis de carte postale. Le personnage, à la fois victime et bourreau, va passer de moments d'empathie en séances de torture, de scènes amoureuses en scènes de violence, en un clin d'oeil : on le voit tomber amoureux d'une pensionnaire de l'asile, puis la violer brutalement en faisant mine de l'étrangler ; on le voit tabasser un malade puis compatir à la souffrance de tout ce petit monde secret. Chassé de Cuba pour ses écrits, rejeté par l'Amérique pour ses idées soit-disant communistes, le gars est un apatride, un abandonné de tous qui décrit son exil comme une traversée de la folie. En quelques 120 pages, Rosales vous retourne l'estomac avec une brutalité totale ; pas grand-chose pourtant : une façon très "droite" de choisir ses mots, sans fioritures, sans effet de style, sans crânerie. C'est clair, net et précis, simple comme du Hemingway ou du Londres, implacable comme eux. Rosales raconte pour survivre, c'est évident, et cette urgence donne à son roman toute sa force : on est bouleversé et chamboulé, et on a l'impression d'avoir, durant une heure, cotoyé l'abîme. Très grand livre.

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