A Poem is a naked Personn (1974) de Les Blank
Documentaire mythique (resté pendant pratiquement 40 ans quasiment invisible) sur Leon Russel et ses performances ultra rock'n'roll (finir sa petite blanquette sur scène avant d'entamer une chanson, si ce n’est pas rock'n'roll... Ouais, on n’a pas le même esprit alors). Les Blank, qui sait toujours capter parfaitement l'atmosphère de son sujet en ayant le don d'insérer des images plus ou moins cocasses tournées dans l'entourage du gars, suit Wilson aussi bien sur scène qu'en studio, voire en simple répète et capte quelques instants d'anthologie du rock seventies. Il se permet également de filmer quelques autres musicos de l'époque (sublime ballade d'Eric Anderson captée sur le vif), qu'il s'agisse de chanteurs country (il faut de tout pour faire un monde), de choristes de gospel (chaud, chaud, l'ambiance dans la salle) ou de joueurs d'harmonica (Charlie McCoy m'a donné une leçon, respect). C'est tout l'esprit d'une époque dans une assiette ou dans un doc (le type qui peint sa piscine de façon « marine et psychédélique » - "ouais, c'est autre chose que d'habiter dans un truc clé en main totalement impersonnel où tu n'as même pas choisi la porte" - certes) et des moments d'exception captés en live ou lors d'enregistrement de feu... Difficile d'en dire plus sur la chose tant Les Blank a le don de vous immerger dans une époque, filmant souvent des choses infinitésimales, anecdotiques (le poussin bouffé par le serpent, les gars du coin en Oklahoma – je vous conseille le bouffeur de chope, toute une philosophie, le gars) qui en disent souvent plus long que n'importe quel discours. Vous voulez retrouver les racines profondes du rock ? Ce doc est pour vous - il ressortira d'ailleurs chez Criterion en début d'année prochaine pour les puristes.