Hurlements (The Howling) (1981) de Joe Dante
Quand Joe Dante s'attaque à un film d'horreur, on s'attend à ce que le gars ait un discours sous-jacent assez mordant (avec les loups, on y est en plein) sur la société. Le film s'engage sur des pistes prometteuses (une journaliste, partant, dangereusement, à la rencontre d'un serial-killer, les battues de bras-cassés armés jusqu'aux canines, le soi-disant centre de repos (mené par Patrick McNee, oui, the Nee himself sans chapeau melon, aux allures de secte-chenil pour hommes-loups)) mais on a au final pas de réelle critique du business journalistique de la peur, de la prolifération des armes à feu ou encore des "centres" post-seventies de bien-être à la con. L'homme a parfois de sales instincts primaires, se révèle un loup pour l'homme (tarte à la crème de ce genre de projet) mais c'est bien court quand on a le museau si affiné d'un Dante. Restent les effets spéciaux avec monstres qui se transforment en direct (on obtient parfois, à un stade intermédiaire, un mix entre Hulk et Chubaka plutôt ridicule), une bombasse vamp qui sait mettre en avant ses avantages indéniables de louve-nourricière (Elizabeth Brooks, paix à son âme et à ses seins), les quelques séquences de carnages carnassiers qui ne m'ont guère, soyons franc, fait frissonner... On reste à un niveau très superficiel des cercles (référentiels) de Dante. Des hurlements dans la nuit qui n'effraieraient pas même une chouette. Bouh. (Shang - 14/12/15)
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Oui, je n'étais déjà pas un grand fan du film quand j'avais 14 ans. L'impression se confirme 40 ans après. Hormis les effets spéciaux, effectivement bluffants pour l'époque, et sur lesquels Dante s'attarde (trop) longtemps tellement il les aime, on ne retiendra pas grand-chose de ce film d'horreur gentil, réalisé pourtant par le plus caustique des gars dans le genre. On voudrait bien trouver une lecture politique, retrouver les inspirations un peu punk de Dante, déceler derrière le show un discours anar ou une ironie vacharde ; mais on ne trouve pas grand-chose à se mettre sous les crocs. A peine pourra-t-on voir, dans la première heure surtout, une jolie vision de ce fameux statut de loup-garou : celui-ci serait un retour à l'état animal, sauvage, libérateur, opposé à l'état de civilisation, coincé et normatif. La scène de sexe entre la diablesse déjà damnée et le jeune premier est joliment filmée, notre homme pouvant enfin libérer des fantasmes que sa sage de femme lui empêchait d'assouvir. Etre un loup est un état presque enviable, donc, vision originale du mythe, associé d'ordinaire à la souffrance et à la damnation. Mais c'est bien pour faire plaisir à Dante qu'on va chercher cette petite originalité dans un film qui ne fait que répondre au cahier des charges (horreur, érotisme). Il le fait avec un certain talent, un savoir-faire indéniable, mais sans caractère. Il faudra attendre 3 ans et Gremlins pour assister à la naissance d'un vrai cinéaste . (Gols - 03/11/24)