Les Chasseurs de Scalps (Scalphunters) (1968) de Sydney Pollack
Il y a peu de films de Sydney Pollack sur ce blog et c'est pas forcément un oubli involontaire. Certes, ce Scalphunters est plutôt sympathique sur le fond (Burt Lancaster vanne à mort son quasi alter ego black (l'excellent Ossie Davis...) qui au contraire du Burt n'est pas illettré et a même de la culture (il enchaîne les citations latines) : bref, un excellent pendant à la bêtise roublarde du Burt et un duo, qui finira par s’équilibrer sur le fil, finalement assez attachant) mais se traîne sur la forme. Burt as Joe Bass is a real pain in the ass aussi obsédé par le fait de récupérer ses fourrures (piquées par les Indiens puis récupérées par ces fameux chasseurs de scalps blancs) qu'une star du porno de se débarrasser de la sienne (ça sent méchamment les vacances, je vous l'accorde). Il part donc sur les traces des scalphunters menés par... (rires) Telly Savalas (ouais pas besoin de vous faire un dessin sur sa psychologie primaire). Il n'aura de cesse d'harceler Telly et de tuer ses hommes de troupe tant qu'il n'aura pas récupérer ses peaux (il a en outre une dent un rien humaniste contre ces bandits sanguinaires). Burt tente tout : visite-surprise nocturne, éboulement de rochers sur le convoi, empoisonnement de l'eau d'une rivière pour rendre les chevaux fous... Bref, un vrai brise-burne qui ne lâche rien tant qu’il n’obtient pas son dû. C'est cependant le gars Ossie qui sera au centre des règlements de compte finaux : Ossie devra se taper non seulement ce goret de Telly (tout en pyjama rose, le gars) lors d'un combat furax mais également devra régler son compte aux allusions bêtasses et pas toujours très fines de Burt...
On peut apprécier cet ultime combat où les deux hommes se tirent la bourre dans une mare d'eau pendant un temps infini et finissent tous les deux couverts de glaise (plus de problèmes de couleur de peau à la con : ça sent l'égalité et la fraternité, c'est beau). Avouons, sinon, qu'on reste un peu sur sa faim lors de ce western qui passe son temps à flirter avec la gentillette comédie (vannes à deux balles, chute de cheval rigolote quand on siffle celui-ci, grimaces grinçantes du trio d'acteurs qui ont le don pour se trouver dans des situations inconfortables…) : on ne se tape pas sur les cuisses mais on lâche de temps un petit rictus de complaisance... Seulement voilà, tout cela ne suffit pas pour qu'on prenne vraiment à coeur cette légère bouffonnerie : Ossie doit faire face à deux cow-boys pas vraiment fute-fute (Telly le porc et Burt le lourd) et on a beau avoir un faible pour ces deux acteurs à tronche (l'une joliment burinée, l'autre salement lisse), la mayonnaise peine à monter. On saluera tout de même au passage le dresseur de chevaux qui nous permet d'assister à quelques jolies cabrioles et le petit laîus écolo, en ces temps de COP21, de l'ami Burt (tu trouves tout dans la nature, même du fil et une aiguille, il n'y a se pencher... Pour bien bouffer, il préfère quand même descendre deux pintades à coup de fusil, certes)… L'ensemble reste tout de même, au niveau de la tension et du scénar, un peu faiblard.