Texas (1941) de George Marshall
Glenn Ford et William Holden sont encore tout jeunot lorsqu'ils participent à ce western écrit, en partie, par l'excellent Horace McCoy. Deux hommes sans le sou à la sortie de la guerre de Sécession liés par une amitié indéfectible... ou presque. Après avoir braqué... des braqueurs de diligence, ils décident de suivre chacun leur voie : Glenn (déjà plus mature) se range des voitures, William, lui, continue d'être impliqué dans des coups tordus (il excelle, notamment, dans le détournement de bœufs...). Chacun a choisi son camp et ils ne se retrouvent point, comme ils se plaisent à le répéter, du même côté de la barrière. Pour épicer le tout, Glenn tombe amoureux de la gentille Claire Trevor (dont je ne suis pas fan, mais il me semble l'avoir déjà dit douze fois) : malheureusement, il est un peu manche pour lui demander sa main. William, véritable tête brûlée sans foi ni loi, va lui griller la politesse et emporter le morceau. Glenn fait profil bas jusqu'à ce que William se retrouve mouillé dans une histoire de meurtre : non mon gars, pas celle-là, s'te plaît, tu vas lui pourrir la vie en te retrouvant toujours on the run. William n'en fait qu'à sa tête et le loyal Glenn lui propose de s'enfuir avec lui (c'est beau cette solide amitié virile entre cow-boys) mais le destin va en décider autrement...
Le scénar est intéressant, Marshall se met en quatre pour filmer les bestiasses en mouvement (des travellings à dos de buffle, dans la première partie ? Assez originaux, quoiqu'un peu tremblants, comme plans), soigne ses personnages secondaires (mention spéciale pour le tonitruant Edgar Buchanan en dentiste à la voix pâteuse), ajoute un soupçon d'humour (le long combat sur le ring en introduction ou le débarquement, sur la fin, dans l'appart du shérif qui prend son bain, d'un William pourchassé puis d'une partie du troupeau !), nous donne notre lot d'attaques, de trahisons, de coups de feu à tout va (belle séquence finale avec ce cow-boy, tel un hussard, sur le toit)... mais bizarrement, l’ensemble est un peu lent, un peu mou. Même s'il y a sur la fin un regain de tension et d'action, il y a au milieu du film un gros ventre mou qui nous laisse un peu sur notre faim ; et puis, sans doute, l'une des grosses faiblesses demeure ces histoires sentimentales entre Claire et les deux hommes : pour le coup, on y croit pas une seconde, la Claire tournant sa veste au gré du scénario. Même l'histoire amicale entre les deux hommes, quand on y songe, est un peu bancale : sur la fin, Glenn prend du galon et envoie enfin paître son ami peu fréquentable... Seulement, tout d'un coup, nouveau coup de théâtre, il décide de repartir à l'aventure à ses côtés - c'est bien urbain mais, là encore, guère plausible... Le scénario laissait entrevoir des pistes intéressantes au niveau de cette fameuse relation triangulaire, seulement les liens entre les personnes sont traités trop lâchement pour qu'on s'y attache réellement. Du coup un western qui avait du potentiel mais qui peine, au final, à vraiment nous satisfaire. A découvrir malgré tout, au moins pour la fougue de ces deux jeunes têtes d'affiche qui feront de la route, séparément...
Go old west, here