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10 avril 2025

Hill of Freedom (2015) de Hong Sang-Soo

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Hong Sang-Soo est le maître du temps (et du montage) dans ce dernier opus : son héros japonais, Mori, revient en Corée pour retrouver celle qu'il a aimée, une certaine Kwon. Ne la trouvant point à son domicile au bout d'une semaine, il lui laisse une (longue) lettre qu'il dépose dans le centre linguistique qu'elle fréquente. Elle finit par trouver la lettre mais la fait tomber dans les escaliers... On suivra les mésaventures de Mori au cours de cette semaine un brin dans le désordre. Ouh là là, je vous vois venir, cela sent la prise de tête, le besoin de revoir douze fois le film pour comprendre. Point. On tisse facilement le lien entre les différentes scènes, on reconnaît aisément chaque personnage et l'évolution de leur relation avec Mori. Quel est l'intérêt de la chose, ne tarderez-vous pas à me faire remarquer ? En fait, Mori, au cours du récit, lit lui-même un ouvrage sur le temps et reviendra avec la vieille proprio de la guest-house où il a pris ses quartiers sur sa propre "conception de la chose" : il peut passer des heures à observer une plante ou un arbre. C'est un moyen pour lui de se sentir hors du monde, hors du temps justement et d'avoir l'impression d'être en sécurité ; il ne craint plus ainsi d'affronter la vie. On comprend par la bande que la chronologie des événements importe peu, pas plus finalement que la longue période de séparation avec celle qu'il a aimée. Même s'il va entre-temps vivre d'autres instants sentimentaux avec une autre femme, rien ne va venir gâcher sa rencontre avec celle pour laquelle il est revenu : il y a entre eux quelque chose d'intemporel, qui échappe au quotidien (on pense à l'épisode un rien vexant de Mori qui reste bloqué dans les toilettes de la femme avec laquelle il vit une amourette).

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Hong Sang-Soo s'amuse encore et toujours des personnes qui tombent dans le sommeil, qui rêvent mais, cette fois-ci, il ne semblerait pas que  cela ait une incidence sur le récit. Tout rentre parfaitement dans l'ordre sur le fil (ils vécurent heureux et eurent deux enfants) même si l'on a droit à un ultime petit "épilogue" qui peut surprendre son homme : de quoi s'agit-il ? On repense alors à l'une des pages de la lettre écrite par Mori qui est restée dans les escaliers - il s'agit donc surement d'un épisode dont Kwon n'a pu prendre connaissance à la lecture - c'est limpide comme de l'eau de source. Hong Sang-Soo, tout en creusant encore et toujours le même sillon (les rencontres de hasard, les clichés (sur les Coréens et les Japonais en particulier), les beuveries, les fâcheries, les flirts...), continue de jongler avec brio avec la structure narrative, pimentant ainsi malicieusement des histoires simples pour ne pas dire banales. Une liberté qu'il prend en traitant des hauts et des bas de la vie : Hill of Freedom, pas mieux.  (Shang - 24/10/15)

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Sous le charme, sans contexte, de ce petit film, qui arrive sans forcer dans mon top 3 du maître coréen. Il y a là-dedans une manière de s'amuser innocemment avec les codes du scénario, tout en restant dans les formes de son cinéma, qui force quand même diablement le respect. Hong Sang-Soo, c'est toujours le même film, mais avec à chaque fois ce petit détail qui change tout, la structure d'ensemble, la façon de voir les personnages, le rapport à la façon de faire les films aussi. Hill of Freedom pourrait être paresseusement une énième variation sur les petits battements du cœur orchestrée par un HSS dans ses pantoufles ; mais cette idée de départ de laisser tomber le "scénario" dans l'escalier, de le reconstituer dans le désordre, et même d'en oublier une page, transforme l'exercice en moment ludique, joyeux, comme ça, par pur plaisir du jeu et de la surprise. Ce qui en fait un des films les plus légers et drôles du cinéaste : malgré l'incontestable mélancolie qui émane de cette cette histoire murakamienne d'amour inassouvi, de garçon qui recherche sa bien-aimée dans un pays étranger, le film s'amuse à nous déstabiliser gentiment, nous faisant passer d'un personnage à un autre, d'une situation drolatique à une autre, le tout dans une lumière estivale craquante. Ainsi, le bonheur tout simple de se bourrer la gueule avec un ami (une des activités préférées de Hong, si on en juge ses films), de se retrouver au lit avec une jolie fille ou de lire en terrasse d'un café devient le sujet principal de cet objet à la joie consacré. Cette joie est communicative, et on se retrouve tout touché par ce film qui ne paye jamais de mine, fait avec une simplicité de moyens proche de l'ascèse mais qui n'est jamais plombé par son dispositif. Un bonheur.  (Gols - 10/04/25)

 

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