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Shangols
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17 octobre 2015

La Vie de Brian (Monty Python's Life of Brian) de Terry Jones - 1979

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Les Monty Pythons ont jusqu'à maintenant peu de place sur ce blog, alors que, franchement, qu'est-ce qui est plus drôle que les Monty Pythons (à part peut-être l'odyssée Hal Hartley de mon camarade) ? A la revoyure, et même en connaissant par coeur chacun des gags de ce film, le résultat est toujours là : c'est techniquement infâme, la mise en scène est d'un amateurisme total (rappelons que le film est anglais), mais c'est absolument renversant dans l'écriture et dans le jeu ; génial, osons le mot. Le côté ludique de l'entreprise est immédiatement sympathique : les gusses jouent chacun une trentaine de personnages différents dans une farce beaucoup plus subtile que leurs gamineries le laissent prévoir, critiquant l'establishment, les dangers de la croyance dans les faux messies, les régimes dictatoriaux et les petits chefs avec un sens de la destruction qui fait vraiment plaisir à voir. L'aspect "film de copains" ne disparaît jamais derrière la lourdeur technique de l'entreprise ; on a toujours l'impression que les gars viennent d'inventer le gag, et qu'ils le jouent pour faire marrer leurs potes. Alors que bien sûr, la finesse de l'écriture est incroyable, et les compères délaissent ici le côté "film à sketchs" de leurs films passés pour construire un vrai et ample scénario qui ne doit rien à l'improvisation.

life-of-brian

C'est d'ailleurs assez malin : les Pythons sont inattaquables pour ce qui est du blasphème. Ils ne critiquent jamais le Christ lui-même (qui fait d'ailleurs une apparition digne au début du film), mais les faux prophètes. Brian est né la même nuit que Djizeuss, mais dans l'étable d'à côté ; c'est suffisant pour qu'on le prenne contre son gré pour le nouveau Messie, ce qui lui vaudra harcèlement des foules, procès devant Pilate, et même crucifixion finale. Le scénario raconte son "ascension" dans les milieux clandestins des castes religieuses, ses actes terroristes, puis sa déchéance jusqu'à la croix. Cette histoire principale donne lieu à mille saynètes parallèles, toutes absolument hilarantes. Qu'il s'agisse de pointer l'inanité des terroristes complotistes, le ridicule des Romains ou l'intégrisme religieux (la scène de la lapidation, un sommet), les gars le font toujours par le biais le plus marrant qui soit. Et ce, en utilisant tous les humours possibles : gros gags visuels, humour de situation, absurde, dessins animés, anachronismes, jeux de mots, mimiques d'acteurs, comique de répétition, parodie, chansons idiotes, humour salace... tout y passe et tout est excellent. Il faut dire que les acteurs sont géniaux ; John Cleese en tête, qui campe tout en dignité une poignée de personnages très fiers d'eux (le chef du "Front du peuple de Judée", un légionnaire), ils prennent de toute évidence un plaisir total à jouer ce scénario qui aligne les punch-lines et les occasions de se déguiser comme des gosses. Pour finir on n'a pas souvenir d'un final aussi génial dans une comédie que cette chansonnette poussée par des crucifiés ("Always look on the bright side of life"), l'irrévérence faite cinéma.

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Dommage que Jones soit un très piètre réalisateur, ne sachant jamais filmer ses décors, ne trouvant jamais la bonne place pour sa caméra (uniquement tournée vers les acteurs, et on le comprend), réalisant un montage haché assez moche, et traitant le rôle de chef-opérateur comme secondaire. Mais après tout, l'aspect branquignol du film ajoute à son côté insolent, et on lui en aurait voulu d'être super bien lêché. En tout cas, Life of Brian est sûrement le film le plus drôle de l'histoire du cinéma (le débat est ouvert), le genre qui donne envie de citer toutes les répliques. L'humour comme combttant de l'obscurantisme, et ce sans crânerie : grandiose.

Commentaires
A
Même s'il est inégal, y'a plein de trucs bien dans "le sens de la vie": le cours d'éducation sexuelle aux ados qui n'écoutent pas, par exemple. Ou le film introductif de Gilliam avec les pirates de la finance.
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S
Perso, c'est la feuille de l'arbre qui tombe en solo... Puis toutes les autres. (shangols bis)
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J
Ah, oui, "les nouveaux monstres", c'était bien ça, l'autre je ne connais pas ! Oui, pourquoi pas, remettre les pendules à l'heure tous les 1/4 d'heure ?! La difficulté vient souvent du "liant" (en gros, l'intrigue du long métrage quand long il y a) qui est ajouté entre les sketches... <br /> <br /> De "le sens de la vie", on ne se souvient en général que du fameux "donnez-moi un seau je vais dégueuler"... faut dire que c'est assez efficace.
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A
Ok, mais la forme à sketches est tout-à-fait recevable pour un long métrage. <br /> <br /> Une forme discontinue qui repart à zéro ou presque tous les 1/4 d'heures. Il y a quelques réussites dans ce genre ("Les nouveaux monstres", "Les nouveaux sauvages").<br /> <br /> Ca ne plait jamais au public car on investit sur un début, des personnages et puis il faut tout recommencer. <br /> <br /> Les Monty Python s'en sortent le mieux possible à leurs débuts, le problème survient quand les sketches sont par trop inégaux ou trop différents, comme dans "Le sens de la vie" où le meilleur côtoie le pire. Ou quand chaque auteur tire la couverture dans sa direction.
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J
La difficulté propre aux comiques, quels qu'ils soient, consiste à passer du format court, la blague, le gag, le truc qu'on jette dans l'instant (et c'est l'instant qui provoque l'hilarité), au format long, au long métrage, au film qui, souvent, alors ne se contente que d'empiler les gags, les saynètes les une à la suite des autres ; parfois, cette formule de l'empilement fonctionne ou semble réussir, "sacré Graal" peut être, un ou deux Etaix, "le mécano de la General", "la ruée vers l'or" (bon, y en a forcément d'autres, assurément, et je ne vais pas ici feuilleter le dictionnaire du cinéma).<br /> <br /> Les Monty Python n'ont jamais été aussi bon que dans certains des épisodes du "flying circus" : "le ministère des démarches idiotes", le "perroquet", etc.<br /> <br /> Bon, ceci dit, il y a, bien sûr, de très bons moments, drôles, marrants, dans "la vie de Brian", des sketches.<br /> <br /> Pas facile, facile, de faire rire au cinéma, parce qu'en sus, dès que l'on évoque "le faire rire à l'écran", il faudrait que ça fasse rire tout le monde alors que l'on n'exige pas cela des autres genres, comme si le rire était plus "universel, global" que le "frisson" du thriller ou du gore.<br /> <br /> Quant au côté bâclé de "la vie de Brian", ça n'est pas plus gênant que cela, c'est assez raccord avec l'esthétique des Python et filmé façon "la soif du mal", ce que le film aurait gagné en "métier", il l'aurait perdu en drôlerie.
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