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4 septembre 2015

La Symphonie pastorale de Jean Delannoy - 1946

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François Truffaut vient officiellement de se désabonner de ce blog : nous avons vu l'honnie Symphonie pastorale. Et qui plus est avec un regard un peu plus bienveillant qu'il ne le mérite. Le film, aujourd'hui, se regarde avec le sourire de commisération légèrement snob du cinéphile, et on peut prendre plaisir à ce petit côté hyper-vintage, démodé, ringard oui, qui nimbe tout le bazar. Un plaisir un peu moqueur, quoi, qui n'est pas le meilleur qui soit. Mais on relève quand même que Delannoy n'est ma foi pas un mauvais artisan : il filme ce qu'il y a à filmer avec modestie, respecte le roman de Gide comme si c'était un chef-d'oeuvre (eheh), travaille avec minutie ses lumières glamour et ses déplacements d'acteurs, et laisse faire le reste. Du coup, même sans style, même sans personnalité, le machin se laisse regarder.

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Nous voilà donc sur les traces de la sensibilité du pasteur Martens, brave Suisse qui recueille en son foyer une pauvre enfant aveugle. De plus en plus protecteur, le pasteur a une certaine tendance à tomber carrément amoureux de sa protégée, et d'un amour possessif qui plus est, pas très catholique si vous voulez mon avis. D'autant que la belle a la frimousse de Michèle Morgan au top de sa plastique. Quand la belle commence à en pincer pour le jeune fils du pasteur (Jean Desailly en garçon propre), les jalousies commencent. Jusqu'à quel point notre homme a fait de sa pupille sa prisonnière ? Est-elle aussi naïve que ce qu'elle montre ? Et quand ses yeux se décilleront (car, oui, miracle il y aura, on est chez Gide, hein), pour quel destin son coeur balancera-t-il ? Le suspense est total, comme on voit, un suspense qu'on pourrait qualifier de suisse : réglé comme une grosse horloge encombrante mais fiable, le film déroule ses passages obligés avec un académisme total, dans un écrin de noir et blanc léché, dans une succession de scènes très attendues; On peut noter, certes, ça et là, quelques pointes de style, notamment au début : l'apparition de cette enfant aveugle qusi-animale se fait dans une ambiance proche du fantastique, la petite actrice étant dirigée vers des mouvements saccadés, robotiques, désaxés quii font penser à la créature de Frankenstein par Boris Karloff. Toutes les scènes d'exposition sont d'ailleurs plutôt inspirées, tout comme le sont, parfois, les scènes de pure contemplation de l'actrice : elle a droit à un gros plan renversant au moment où elle retrouve la vue (mince, j'ai pété le suspense suisse), on sent Delannoy se frotter les mains devant la photogénie évidente de Morgan.

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Pour tout le reste, c'est franchement plan-plan. Le jeu de Pierre Blanchar, très pro mais trop bon élève, sent l'encaustique et l'héritage du théâtre de tous les côtés, les dialogues sont lourdement explicatifs, la composition des plans sent le studio d'Harcourt, la musique est excatement celle qu'on attend. Delannoy est entièrement concentré sur sa fidélité à Gide (dont on se cogne) et sur ses acteurs, et oublie de rendre quelque trouble que soit à sa trame, qui aurait pu pourtant déclencher des choses beaucoup plus sulfureuses que ça. Le mélodrame, poussé à fond les potards, finit par être plus rigolo qu'émouvant, le gars n'a pas le sens de la mesure, c'est sûr. On voit bien ce qui a pu énerver nos jeunes Turcs de l'époque dans ce cinéma de papy. A voir uniquement si vous êtes antiquaire.

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