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17 août 2015

Le Génie du Mal (Compulsion) (1959) de Richard Fleischer

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Richard Fleischer n'en finira jamais de me régaler : ce Compulsion (basé sur le cas Leopold / Loeb comme La Corde du Bouddha) est un petit délice de polar : deux jeunes gens de la haute en quête du crime parfait (l'excellent Dean Stockwell, Mister Suave in Blue Velvet, et Bradford Dillman absolument parfait en jeune homme au rire carnassier), un noir et blanc magnifique, un rythme relevé, un Orson Welles - au top du générique - qui fait son apparition après 70 minutes de film et qui emplit l'écran, une plaidoirie finale écrite au cordeau et d'une belle intelligence (une descente en règle de la peine de mort)... Bref, difficile de ne pas tomber sous le charme de cette oeuvre une nouvelle fois brillante - et un brin méconnue - du grand Fleischer.

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Ils sont riches, beaux, jeunes et croient en Nietzsche comme d'autres, à leur âge, en Tintin. Quoi de mieux pour montrer leur intelligence supérieure, que de monter le kidnapping du siècle... qui se transforme en simple crime... qui se transforme en meurtre minable. Du crime parfait au crime parfaitement con. Les indices contre eux s'accumulent, ils ne tremblent pas, ils chiadent communément leur alibi (une solidarité à la vie à la mort) et craquent à la première pression (ce sera donc surtout à la mort - nos jeunes amis rient un peu plus jaune). Leur exécution ne fait aucun doute jusqu'à l'arrivée du monstre sacré des avocats, Orson Welles himself : il est obèse, a le pas et la voix traînantes, prend son temps pour peser ses mots mais chacune de ses phrases sont des torpilles d'intelligence. Lui seul peut les sauver, lui seul va les sauver - les riches ayant le droit aussi bien que les pauvres d'être correctement défendus (admirons l'ironie de la chose).

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Fleischer a un don pour qu'on ne s'ennuie jamais : qu'il s'agisse des discussions entre ces deux jeunes loups imbus d'eux-mêmes (à noter, au passage, l'intelligente ellipse sur leur crime : pas besoin de montrer la violence outre-mesure (dans ta gueule Tarantino) quand on est capable de montrer tout le cynisme des personnages), des simples scènes entre amis, des personnages féminins un peu sggggaiiiiiiinnngggggs (la trop rare Diane Varsi, parfaite en girl next door), des parents amidonnés ou encore du procès final (rien de plus chiant que les scènes de procès dans le cinéma américain), on est toujours impressionné par leur justesse, leur précision. Le film a un rythme trépidant, semble toujours en mouvement, comme pour épouser le rythme de ces deux cerveaux qui réfléchissent trop vite, stupidement. Même l'arrivée pesante de Welles est un bonheur tant ses réparties fusent - il amène d'une certaine façon enfin un peu de poids et de bon sens dans cette société ultra-friquée qui se croit, par la force des choses, au-dessus de tout. Compulsion se regarde forcément avec un plaisir compulsif : une vraie découverte que l'on se doit de partager - et la meilleure chose dans tout cela est que je suis encore loin d'en avoir fini avec la filmo du Richard.

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