L'Assassin sans Visage (Follow me quietly) (1949) de Richard Fleischer
On continue d’explorer la filmo de Fleischer avec cette petite chose d’une heure où l’on retrouve le gars Anthony Mann au scénar. Un flic droit dans ses bottes, une apprentie journaliste avec la bouche en cœur et un assassin sans visage (mais avec des lunettes tout de même, sans vouloir péter le suspense). Notre ami le serial killer agit par temps de pluie (il doit venir du Nord), opère par strangulation arrière (une psychanalyse s’impose) et se fait appeler « Le Juge » (La société est pourrie et il faut suivre dorénavant ses propres lois (Philippot)). Une séquence fait gentiment monter la tension érotique entre notre flic et notre journaliste : il la serre de très très près alors même qu’elle lui demande naïvement ce qu’elle pourrait faire pour lui… La séquence se termine malheureusement lamentablement, le flic partant se coucher en pyjama pendant que la donzelle lui souhaite bonne nuit et prend la poudre d’escampette… Le polar noir qui suinte le sexe est un mythe… Reste ce tueur bien mystérieux : à partir des 3000 indices récoltés, le flic décide de fabriquer un mannequin à échelle humaine : une idée originale pour tenter de marquer les esprits de chaque flic. On s’attend forcément à ce que le tueur prenne la place du mannequin et file la peur de sa vie à notre bon flic. L’idée sera retenue mais la séquence sera une nouvelle fois très frustrante, genre pétard mouillé… On aura droit, finalement, en guise de clou du spectacle, à une ultime course poursuite dans une usine sur étages, avec de la cascade (la vie tient parfois à une menotte), des échanges de balles (et qui dit tuyaux percés, dit impression de pluie, dit stress supplémentaire pour notre assassin du Nord-Pas-de-Calais) et le cas sera finalement liquidé proprement… un peu trop proprement d’ailleurs car ce fameux Juge restera bien opaque jusqu’au bout - la psychologie du killer, on sent que c’est pas trop le souci du bazar. On terminera sur une pointe de romantisme un brin forcée… Une toute petite chose, dirons-nous.