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Shangols
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31 mai 2015

Les Inconnus dans la Ville (Violent Saturday) (1955) de Richard Fleischer

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Il est malin ce Richard Fleischer, tant ses films prennent souvent des trajectoires inattendues. On comprend vite, dans cette petite bourgade de Bradenville qu’il va y avoir un casse. Un type (Stephen Mc Nally) avec ses deux acolytes (dont Lee Marvin  : c’est donc forcément les salopiots de l’histoire ) ont des vues sur une banque. Les repérages sont assez simples et l’on pense que la violence annoncée dans le titre anglais ne devrait point tarder. Que nenni. Le Richard, il cherche pas à nous brusquer, à nous donner un petit film de genre vu et revu. Ce qui l’intéresse avant tout, ce sont les personnages. Et c’est parti pour un petit tour en ville : on croise ainsi Victor Mature, mature as usual, un homme bien en place avec bobonne et bambins (seul petit pépin familial qui plane dans l’air : il ne passe pas pour être un héros aux yeux de son gosse (Victor n’a pas fait la guerre et son gosse jalouse son meilleur camarade car le père de ce dernier est revenu du front mitraillé de médailles) ; on fera la connaissance également d’un homme fortuné, un héritier (l’excellent Richard Egan), malheureux comme une teigne : il sombre ainsi souvent dans l’alcoolisme pour oublier les écarts de sa femme ; il y aura aussi ce drôle de banquier, un peu neuneu et maladroit, marié : il est raide dingue d’une jeune donzelle qu’il va jusqu’à épier la nuit - a peeping banker in a way ; on pourrait aussi parler de cette bibliothécaire un brin kleptomane ou encore cet amish interprété par l’excellent Ernest Borgnine avec une barbe en collier du meilleur effet… Bref, toute une petite troupe de citadins qui n’ont de cesse de se croiser dans cette petite ville américaine. Et l’action alors ? Patientez… En plus, attendez, on s’en fout de l’action (haut-les-mains, pas un geste ou je tire, ne jouez pas au héros… on connaît ça par cœur), l’intérêt est forcément ailleurs (dans la profondeur de champ ? Ne vous faites pas taquin, merci), on est quand même dans un Fleischer.

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Il nous faudra patienter une bonne heure avant que nos trois gringos fassent sauter la banque. Un hold-up de base qui aurait dû se dérouler normalement - si personne n’avait tenté de jouer au héros (vous voyez, on y revient…) ; un hold-up, quoi, banal. Le plus intéressant, en fait, se trouve dans le parcours de ces citadins, qui vont devoir faire face à leur destin lors de cet événement imprévisible et tragique. Fleischer est-il un moraliste ? Pas vraiment. Il semble surtout prendre un malin plaisir à montrer que la vie est tortine (attention ! from now, 32 spoilers) : une femme reconnaît enfin ses péchés, est prête à rentrer dans le droit chemin ? Pas de bol, une balle vient interrompre ses bonnes résolutions. Cet homme sans courage, timide avec les femmes, veut jouer au héros ? Une bastos dans le buffet devrait le faire réfléchir pour l’éternité. Cet amish est un adepte éternel de la non-violence (beau plan d'ailleurs que celui sur la petite famille yeux et bouche bandés - aveugle au progrès et acceptant muettement leur fatalité ? Why not) ? Les amishes comme les routiers sont des gens sympas mais peut-être faudrait-il ne pas trop pousser… Cet homme est l’humilité incarnée ? En restant lui-même, tout en vendant chèrement sa peau (essayez de descendre d’une échelle les deux mains attachées dans le dos… Essayez sinon d’enlever un sparadrap collé sur vos yeux à l’aide un clou planté dans un mur (perso, je n’y amuserais pas, juste un auto-clin d’œil)), le voilà dans la peau d’un héros pour le plus grand plaisir de son gosse. La vie est méchamment cruelle mais aussi parfois pleine d’ironie : à cause d’aléas divers, votre image auprès de proches peut brusquement changer (et ce malgré vous) tout comme vous pouvez être amené à revoir tous vos principes en une seconde. On est loin de sommets philosophiques, avouons-le, mais le film est suffisamment plaisant et malin pour valoir le détour. Belle petite ironie de l’histoire. Un Richard dans la moyenne.

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Commentaires
S
Ça sent le copinage tout ça tout ça, Shangols va perdre son âme...
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G
Avait-il (ou t-elle) la larme à l'oeil en évoquant mes rayons non-pareils ?
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L
Ce film vaut tellement, TELLEMENT mieux que ce(s) commentaire(s)... chétivement moyen(s) ! <br /> <br /> <br /> <br /> (Tiens, Gols, j'ai rencontré, ce week end, à Cherbourg -où fallait avoir son parapluie... et sa tite laine- kékun qui vous connaît et fréquente vos allées livresques...)
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S
Exactly
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B
Oui mais alors dans la ch'tite, ch'tite moyenne...
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