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12 mai 2015

Un Conte de Michel de Montaigne de Jean-Marie Straub - 2012

UnConteDeMichelDeMontaigne1

Vous aimez Montaigne ? Pas de panique, Jean-Marie Straub se charge d'inverser la tendance et de le faire entendre comme l'auteur d'une langue absconse et incompréhensible. Voici donc un des films les plus inregardables de son auteur, et Dieu sait pourtant que ce n'est pas le premier. Inregardable d'abord parce qu'il est en grande partie constitué d'un écran noir ; quand l'image revient, c'est pour nous montrer la statue de bronze de Montaigne dans un parc, sous différents angles, ou, enfin un peu de vie, l'image d'une comédienne en pleine lecture de ce "conte", épelant comme d'hab le texte comme s'il s'agissait d'une mélopée venue d'une autre planète, d'un dialecte vaudou ou d'un idiome extraterrestre, en tout cas jamais de langue française. Pour un auteur d'une écriture si brillante, ça fait quand même un peu saigner les oreilles (en même temps que les yeux, donc). Straub a choisi un texte de Montaigne qui raconte les souffrances du sieur après un accident, cloué qu'il est dans son lit et en proie aux douleurs morales et physiques les plus aigues. Texte franchement d'un intérêt discutable, mais que le brave JMS se met en tête de nous faire entendre dans la longueur (33 minutes, chez Straub, c'est très long), se disant que la langue seule du maître suffira à habiller l'image fixe de la statue, qui n'a besoin de rien d'autre (un peu de musique ou une comédienne figée comme un lapin dans les phares ne pouvant être considérées comme des évènements significatifs). Ça ne suffit pas : on se fait chier comme un rat mort, perdant sans arrêt le fil de ce récit embrouillé à l'envi, affligé devant l'aridité de plus en plus poussée du cinéma de Straub, mais avec, reconnaissons-le, l'envie de relire Montaigne histoire d'entendre un peu mieux les rythmes de son style et la beauté de son vocabulaire. C'est déjà ça de pris ; au niveau cinéma, il faut bien le reconnaître, à force de tendre vers le zéro, Straub met les deux pieds dedans. La réponse est non, mais quelle est la question ?

ujjrl

Tout Straub et tout Huillet, ô douleur : cliquez

Commentaires
G
Je vous conseillerais donc, pour démarrer, leurs deux films les plus accessibles, et leurs deux parmi les plus beaux, du coup : Sicilia (leur chef-d'oeuvre) et Anna-Magdalena Bach (parce que, même quand on se fait chier, on peut quand même écouter la musique de Bach). Le petit court-métrage, En rachachant, est également agréable, comme le film sur Cézanne. En tout cas : terminez par Montaigne, le plus ardu.<br /> <br /> Bon courage. Vous verrez,c'est dur comme un suppo, mais ça fait du bien après comme un suppo.
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P
Quel film de(s) Straub pourriez-vous conseiller à un spectateur cinéphile pas trop timoré en matière de cinéma "radical" mais ayant toujours reculé devant l'idée de se "taper" un film de ce cinéaste en effet réputé pour son côté hermétique? J'aime Tarkovski, Dreyer, Bergman, Kurosawa...
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