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1 mai 2015

Ohara Shôsuke-san (1949) de Hiroshi Shimizu

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On continue notre marathon "déprime au cinoche" avec cette petite mouture de l'ami Shimizu : l'histoire tient dans un pichet de saké. Le héros, sympathiquement surnommé Shôsuke-san (c.a.d « ivrogne » mais je pense que vous le saviez), est le dernier descendant d'une grande famille. Le type est habitué à répondre aux diverses sollicitations du village (qui sont multiples : acheter des tenues de base-ball pour 25 ou des machines à coudre pour 12, partir en ville et ramener une jeune fille au village...) : il dépense donc son argent sans compter et se trouve, en outre, vous l'aurez compris, être une véritable outre : toutes les occasions sont bonnes pour picoler (il me rappelle un proche mais qui ?) ; ainsi, dès qu'il y a de la visite, le type se saoule comme Otis Redding. L'argent coule à flot (ohoh) alors que les crédits sont à sec (applaudissements). Le gars, au départ, nous paraît relativement sympathique (j’dis ça, j’dis rien), rentrant un soir sur un complétement détruit. Sa femme, brave âme, fait bloc : en son absence, elle saoule les créanciers pour donner un peu d'air et de temps à son mari qui s'enfonce de plus en plus dans la mouise. On se dit, Shimizu est un type bien, il va forcément tendre la main à son héros pour que celui-ci réagisse. Que nenni, Shôsuke plonge de plus en plus profondément dans l'alcool, refuse toutes les éventuelles responsabilités (la population du village le plébiscite pour qu'il se présente comme maire, il préfère supporter un candidat opportuniste) ou toute autre porte de sortie. La noyade n'est plus qu'à une brasse : il se sépare de sa servante, vend les derniers biens de famille pour rembourser ses dettes, et va chez nos amies les geishas (pas du premier choix : l'actrice est un croisement entre un chihuahua et François Mitterrand, j'exagère point) pour boire la tasse encore et encore. Manquerait plus que sa femme, douce comme un oreiller en plume d'oie, le quitte. C'est ce qu'elle finit d’ailleurs par faire, on ne peut lui donner tort...

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Le ton est bon-enfant mais faut reconnaître que l'atmosphère générale n'est pas olé-olé. Le type est un joyeux fêtard qui a le cœur sur la main mais qui ne tarde pas à paraître affreusement pathétique - les gros plans sur sa face grimaçante, sur la fin notamment, ne sont guère flatteurs. Shimizu a l'air de vouloir nous faire comprendre que le temps des privilèges est bel et bien fini : personne ne peut échapper à l'effort d'après-guerre... Notre joyeux saoulard finira par faire (joli dernier sursaut et mouvement de judo) son mea culpa (il y a toujours de l'espoir chez un alcoolique... J'aime beaucoup l'adage nippon qui se trouve sur un maxi-pichet se sake "les fous se saoulent (certes) et les idiots ne boivent pas" - j'opine) et il décidera de prendre la route pour se lancer dans une nouvelle aventure - loin de ses racines, loin du "blason" de sa famille. Une ultime pointe d'optimisme pointera également le bout de son nez sur la ligne finish… Si certains plans sur des cours noyées par la pluie sont assez déprimants, il y a au cours du film (deux fois dans le premier quart d'heure et une fois sur la fin) des travellings de toute beauté (un beau travelling nippon, cela met toujours du baume au cœur) ; évoquons l’un d’eux pour le fun : la caméra traverse littéralement toute la demeure de notre homme, le plan commençant sur notre héros prenant la fuite et s'achevant sur l'un des créanciers faisant son entrée dans la maison - on sent que la menace se rapproche de plus en plus... La particularité de ce travelling, c'est qu'il est en partie « circulaire » - cela dit, vu que je vois en 2 D, je ne vous conseillerais pas non plus de parier votre paye sur mes analyses esthétiques... Un joli mouvement pour une oeuvre qui, reconnaissons-le, n'ai pas gai-gai dans l'ensemble - où sont les femmes et les enfants hiroshiens, se surprend-on d’ailleurs à penser alors que notre homme se torche son 38ème saké ?  Au final, tout de même, une oeuvre solide et à la logique implacable du gars Shimizu - sachons ravaler nos petites frustrations féminines...

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