Forget Love for Now (Koi mo wasurete) (1937) de Hiroshi Shimizu
Hiroshi Shimizu, tout comme son comparse Ozu, aime à filmer les enfants. Cette fois-ci, fi de la comédie, puisqu'il creuse une veine des plus mélodramatiques : il s'agit en effet de conter les mésaventures d'un enfant qui patit de la profession de sa mère, simple « hôtesse » - de terre (Michiko Kuwano as Yuki, la très grande classe). A chaque fois que le bambin se lie avec une bande de gamins, la situation de sa mère revient sur le tapis (les gamins sont cruels) et notre pauvre chtit Haru de se voir exclu du gang. Il a beau ne pas manquer de caractère, notre petit héros, avoir le don pour entraîner les autres, par trois fois il se verra mis à l'écart... Le gamin, bien que touché durement dans sa fierté, se battra jusqu'au bout pour l'honneur de sa mother. Un beau combat jusqu'au KO...
Avouons que l'atmosphère est assez anxiogène, l'essentiel semblant avoir été tourné en studio, dans des pièces "closes" ou des éléments de décors minimalistes (le réduit où se retrouve les enfants, l'appartement de la mère, les rues aux alentours du port...). Une belle échappée en extérieur a tout de même lieu quand la mère conduit Haru dans sa nouvelle école - elle avait salement accusé le coup juste auparavant quand son gamin lui avait avoué avoir des problèmes avec les autres enfants à cause d'elle (séquence visage qui fond come de la cire molle) : la mère dans une robe à faire pâlir les fleurs de cerisier accompagne d'un pas allègre son gamin chapeauté ; ce dernier cependant soudainement s'arrête : il lui annonce qu'il ne veut pas être vu en sa compagnie pour ne pas perdre ses chances de se faire de nouveaux amis. Toute contrite, la belle Yuki s'en revient d'un pas lent de cette nouvelle école à l'ombre d’arbres tristes. Haru aura-t-il droit à sa seconde chance, contrairement à Yuki ? Pas sûr...
L'amour de la mère pour son gosse et le combat d'icelui pour elle sont ma foi bien touchant. Shimizu appuie tout de même un peu fort sur la touche mélo et nous assène un final un peu plombant - il n'est jamais trop tôt pour changer de vie, aurait conclu pompeusement La Fontaine. Si les rixes entre les gamins (cruels) sont relativement réalistes et les plans sur le visage de Yuki absolument somptueux, on regrettera le doigté un peu lourdingue du réalisateur pour évoquer, sur la toute fin, ce drame sordide. Beau portrait d'une mère veillant sur son fils (et vice versa) qui s'achève un tantinet dans la torpeur...
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