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3 février 2015

Imitation Game (The Imitation Game) (2015) de Morten Tyldum

2014ImitationGameCumberbatchStudioCanal

Voilà un film taillé pour les Oscars (meilleur film, meilleure interprétation) autrement dit pratiquement inintéressant. Benedict Cumberbatch, le regard noyé dans la soude, est la parfaite incarnation du héros hollywoodien : rejeté en son temps, méritant une stèle dans le nôtre. Excusez du peu, le type est limite autiste, mathématicien et homo... Bref, la honte, à l'époque, pour ne pas dire le blasphème. Mais le gars, malgré de nombreux obstacles aussi prévisibles que sur un 3000 m steeple, va 1) sauver le monde en déchiffrant le code des boches grâce à une machine toute en turbines 2) être rien de moins que l'inventeur de l'ordinateur moderne, écrasant de tous ses neurones cette petite tapette de Blaise Pascal... Seulement voilà, être un inverti à l'époque pouvait se révéler aussi dangereux que lorsqu'un gamin de cinq ans dit aujourd'hui qu'il aime les timbres du Yemen. Du coup, notre agent concombrebatch masqué morfla, alors qu'on aurait dû lui baiser tout simplement les pieds... Sens de la reconstitution qui sent la sueur et les écrans verts, jeune héroïne très ouaaaah (Keira Knightley : Oscar de la meilleur coiffure et des yeux qui pétillent) et sans grand intérêt, un scénar cousu de fils électriques gainés que l'on devine un quart d'heure à l'avance (le ptit truc dû au hasard qui fera que l'on arrivera in extremis à faire fonctionner cette grosse machine, pitié), une fin toute contrite où l'on s'excuse bêtement, des dizaines d'années plus tard, d'avoir littéralement bousillé un génie - on aurait pu avoir des i-phone au moins dix ans plus tôt, t'imagines ? Lourd.

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Commentaires
C
Je dois dire que j'ai trouvé ce film divertissant, assez rythmé et pas mal joué. Cumberbatch a un jeu un peu monotone mais assez touchant et Knightley est plutôt mignonne quoique pas super crédible quand elle dit "c'est immédiat avec le théorème d'Euler", elle a l'air pour la vie d'avoir 17 ans et demi, mais bon. Il y a un humour assez solide (Stewart Menzies, le chef des services secrets, calmement retors). Et pis c'est tout.<br /> <br /> <br /> <br /> La mise en scène est assez pitoyable, il y a l'éternel abus des gros plans pour un effet nul, en alternance brutale avec des plans d'ensemble, mais ça sent plus la maladresse qu'une vraie intention. <br /> <br /> <br /> <br /> Le pire est le contenu. Je n'ai pas lu la biographie de Turing, donc je ne juge pas les retours en arrière sur l'enfance. Mais ce qui est assez drôle, c'est que toute la partie sur Bletchley Park a peu à voir avec la réalité. C'est sidérant. Tout est pratiquement faux. Rien sur la machine inventée par Turing (la Bombe) n'est juste, à part que les tambours tournent, ce qui est incontestable, et la seule chose que le scénariste a comprise. <br /> <br /> <br /> <br /> Cela transforme profondément l'Histoire. Bletchley Park est l'histoire d'une coopération intense entre des personnes brillantes et/ou engagées. 8 900 rien qu'à BP, sans compter les opérateurs des stations radio, les ingénieurs qui ont fabriqué la Bombe et le Colossus.<br /> <br /> <br /> <br /> Le film affirme sans ambages que Turing faisait tout. Il invente sa machine seul (faux) et à partir de rien (faux), il fait passer le concours de mots croisés (faux sûrement), il est le seul être de talent (complètement faux), les autres sont tous à sa traîne (toujours faux) et commencent mesquinement par le détester (faux), il trouve tout seul ce qui va faire fonctionner sa machine (faux), il décode des messages (faux), il n'avertit pas la hiérarchie de l'imminence de l'attaque (ridicule), il prend la décision de sacrifier des vies (super ridicule), il donne des conseils au chef des services secrets sur la gestion des renseignements obtenus par décryptage, qui hoche la tête (énorme). Il faisait donc tout, à part sans doute la bouffe et le ménage, d'où peut-être ses fiançailles avec Joan Clarke.<br /> <br /> <br /> <br /> On a ainsi une double trivialisation de l'Histoire. Tous les évènements tournent autour d'un seul personnage, ça tombe bien, c'est le héros. Et le travail intellectuel est absolument éludé et rendu insignifiant, ce qui va exactement dans le sens contraire voulu par le film : le Turing du film ne risque pas d'épater le public, plutôt appeler à gémir devant les injustices terribles de sa vie. <br /> <br /> <br /> <br /> Chic, je vais sans doute le revoir une ou deux fois avec les élèves :-)
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