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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
21 janvier 2015

Master and Commander (Master and Commander : The Far Side of the World) de Peter Weir - 2003

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Le ventre est encore chaud qui engendrât Errol Flynn, si on en croit ce très joli film du pourtant inconsistant Peter Weir. Attention, on reste assez loin des grands films de Curtiz ou Walsh, mais il y a quelque chose de ce charme-là dans ce divertissement à l'ancienne, dépaysant et soigné, et on s'attendrait presque à voir sugir Eddy Mitchell avec ses esquimaux glacés, comme aux bons temps de la "Dernière Séance".

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Il s'agit d'un film de corsaires, genre qui a toujours déclenché chez moi des petits picotements de nostalgie enfantine. Comme dans le temps, on est plongé au sein d'un groupe d'hommes crasseux, marins anglais lancés aux trousses d'un mythique bateau français (guerres napoléoniennes obligent) ; à leur tête un capitaine têtu (Russell Crowe), qui va devoir rivaliser de ruse, de charisme et de courage pour parvenir à mettre bas ce navire surarmé et imprenable. La quête prend peu à peu des allures de chasse à la Moby Dick, notre capitaine prêt à toutes les folies pour atteindre son but. Et il est vrai que quand les affrontements ont lieu, ça pète sa mère. C'est l'une des qualités du film : rendre compte de façon presque réaliste du choc de ces navires. Le bruit des boulets de canon, la fragilité des vaisseaux, la mort terrible des hommes, le choc des proues, tout ça est rendu avec un désir de véracité qui marque des points. On est dedans, tout simplement, et les scènes d'action sont toujours claires, lisibles. Quand un des personnages tombe, on sait qui il est, on connaît un bout de sa vie, ce n'est pas un simple figurant, et ça compte beaucoup. Weir sait organiser avec force le chaos de la guerre et l'énorme barnum de ses effets spéciaux (relativement sobres, là aussi tournés vers la véracité), sans s'énerver, sans céder aux facilités du montage épileptique habituel. La bataille finale est impeccable, pleine de bruit et de fureur, menée avec un sens imparable du spectacle.

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Mais c'est surtout dans ce qui se situe entre les grands moments d'action que le film est passionnant. Dans ces grandes plages de calme qui précèdent la tempête (magistrale scène d'ouverture, silencieuse, tendue, comme si on était dans un film fantastique), dans ces simples dialogues (un peu appuyés, certes) où on découvre des personnages, une patte humaine et humaniste touchante, dans ces échappées sur les îles paradisiaques. Là, Weir déploie une mise en scène vaste et calme, très maîtrisée, et peut alors se permettre de filmer des chercheurs étudiant une faune inconnue sur un air de Bach, deux marins sortir leurs violons pour interpréter une sonate grand cru, ou simplement la mer calme et vaste. Le film est souvent très rêveur, opposant à la sauvagerie des combats la beauté de l'art ou de la science. Très beau personnage, dans ce sens, du chirurgien de bord (Paul Bettany), érudit en opposition avec le belliqueux capitaine, qui profite des batailles pour faire ses recherches sur la faune, porteur à lui seul de la civilisation au sein de la barbarie. Mais Weir aime, de toutes façons, l'ensemble de ses personnages, et leur donne à tous leur moment de gloire (beaucoup aimé aussi ce gamin qui, le temps d'un épisode, devient capitaine du navire). La mort est brutale, mais le film est dôté d'une vraie mélancolie, d'une douceur, qui tranchent avec ce genre de productions. Un sous-officier choisi comme tête de Turc peut s'y suicider doucement, par exemple, dans une scène vraiment très belle, et Weir ne cherche pas la surenchère à tout prix. Le film n'a pas de fond particulier, c'est vrai, mais il a un ton, un style, et est réalisé avec un professionnalisme artisanal qui réchauffe le coeur. Satisfait, le Gols.

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Commentaires
C
Question trop personnelle pour que j'y réponde, BB. En revanche tu peux réagir à tout le mal que je pense du film... <br /> <br /> J'imagine qu'au cinéma on en prend plein les yeux, Mitch, mais devant la télé quand on récupère l'usage de son cerveau, c'est bien vain et inhumain, tout ça... <br /> <br /> <br /> <br /> Des Lelouch, j'en avais loué pas mal à un vidéoclub quand j'avais 15 ans... je ne suis pas sûr d'en avoir vu depuis. A l'époque, mon préféré était "Le Voyou" avec Jean-Louis Trintignant, que j'adorais déjà dans "Z", je me demande si c'était pas mal ou bidon :-)
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B
Cecil, aimez-vous les documentaires sur les chlamydophores tronqués ?
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G
Whôôôn.... <br /> <br /> Allons, allons Cissi Pas-Sec.... Tout de suite les grands chevaux et le grand artimon ! .... <br /> <br /> Toi, t'as encore été voir un Lelouch pour ta fête, hein ? Tu sais bien que ça te ronge les foies en capilotade, crénom . Allez, va, boudiou, va... Essaie une seconde fois la 49e minute, puis la 50e, puis la 51e...<br /> <br /> Tu verras , zoh, ça glisse tout seul et on en redemande.
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C
J'ai tenu 49 minutes. Je ne vous comprends pas, je trouve ça parfaitement insignifiant. Pendant ces 49 minutes, pas de personnages, pas de relations humaines, pas de profondeur, que de l'esbroufe. Si vous me dites que tout change ensuite, je ne vais pas aller vérifier...<br /> <br /> <br /> <br /> Les quelques passages dialogués sont totalement superficiels et dénués de vie, essayant de caractériser les personnages avec une lourdeur énorme typique du cinéma hollywoodien récent. Russell Crowe, décidément l'homme qui pourrit ce qui est déjà mort, n'a toujours pas pris de cours d'art dramatique et surtout il incarne un personnage parfait : <br /> <br /> <br /> <br /> - bon (avec l'ado qui ne pourra plus lire que d'une seule main, ben ouais, fallait pas t'engager) ;<br /> <br /> - drôle (au dîner, quand il raconte que Nelson lui a demandé le sel, on sent venir la plaisanterie et elle n'est pas drôle) ; <br /> <br /> - profond et visionnaire (au même dîner, il déclare son admiration nationaliste pour le même Nelson) ;<br /> <br /> - violoniste romantique ;<br /> <br /> - mari aimant et tendre (la lettre) ;<br /> <br /> - et surtout tacticien hors pair, puisqu'il trompe son ennemi dès la deuxième rencontre, ce qui est souligné avec une grande finesse par l'admiration d'un subordonné les larmes aux yeux ("That's seamanship ! That's seamanship !") et d'un autre matelot au bord de l'infarctus ("On ne l'appelle pas Lucky Jack pour rien !") ;<br /> <br /> - sachant prendre les décisions douloureuses qui s'imposent (le sacrifice d'un homme à l'eau) : les exigences du pouvoir et de la guerre, gnagnagna ; <br /> <br /> - sans parler de son amour pour son bateau, sa tenacité, son audace, etc., que le scénario s'échine à traduire par la moindre de ses actions.<br /> <br /> <br /> <br /> C'est bien clair, c'est un super héros, donc quelqu'un qui a l'inconvénient d'être insupportable mais l'avantage de ne pas exister.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous dites qu'on connaît un bout de la vie de chaque personnage. Ca ne doit pas être avant la 50ème minute, alors. Un homme tombe à l'eau avec le mât qui s'effondre et il va falloir le sacrifier, je ne sais même pas qui c'est... bref, le sacrifice n'est pas trop dur ! Assez marrant, tout de même, le matelot geek qui a fait dessiner de mémoire et de manière exacte la coque du navire ennemi, que, le scénario fait bien les choses, il a vu en construction. <br /> <br /> <br /> <br /> Pas de relations humaines et surtout pas de conflits, rien que de l'eau qui jaillit et du bois qui s'éparpille.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous trouvez les scènes d'action claires et lisibles. Oui, c'est vrai. En même temps, ce sont des affrontements entre deux navires, donc ce n'est pas exactement Waterloo... Le montage n'est peut-être pas épileptique mais enfin il est bien rapide tout de même et, pour moi qui ne comprend rien au vocabulaire marin, les actions et préparatifs avant un engagement sont montrés de façon extrêmement elliptique sans qu'on saisisse leur portée réelle, même si c'est seulement abaisser une voile. <br /> <br /> Et la stratégie ennemie doit être énoncée par Crowe (le bateau nous a contournés pour détruire notre gouvernail), le film ne prenant pas la peine de la montrer, eh ouais, les bateaux, ça tourne trop lentement pour son Barnum. Même le double titre est boursouflé. <br /> <br /> <br /> <br /> Peter Weir pique tout de même à Peter Jackson ses fameux travellings circulaires spiralés débiles (partant d'un plan serré du bateau pour s'envoler, tourner autour et montrer les deux navires ou un seul et l'océan). Je dis ça mais le copyright est sans doute bien partagé...<br /> <br /> <br /> <br /> 18ème point commun avec "Gladiator" : le film commence par un affrontement dont l'engagement n'a aucun intérêt dramatique : l'enjeu en est inconnu (un engagement entre deux navires, ça ne devrait pas changer la face de la guerre, surtout près du Brésil o_O ) et bien sûr on ne connaît rien des personnages, même si ça ne va pas s'améliorer ensuite.<br /> <br /> <br /> <br /> 19ème point commun avec "Gladiator" : le film essaie d'impressionner par des traits morbides. Le bateau ennemi est l'Achéron et le même matelot répète avec angoisse, au moins trois fois dans trois scènes différentes : "ce bateau, c'est le bateau du diable !" ou une phrase du même genre. Les marins comme ça, c'est plus (volontairement) drôle dans "De cape et de crocs"...<br /> <br /> <br /> <br /> Tourneur et Mackendrick, réveillez-vous, ils sont devenus nuls.
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C
En tout cas, il y a un merveilleux film indépendant américain à l'affiche : "Listen Up Philip" d'Alex Ross Perry. Des portraits magnifiques et l'amour de la littérature au coeur du film.
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