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Shangols
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6 février 2016

LIVRE : Flipper, 1973 (1973-nen no pinbōru / Pinball, 1973) de Haruki Murakami - 1980

591978On sent bien à quel point le style de Murakami s'affine dans cette deuxième œuvre de la trilogie du rat. Ce roman est beaucoup moins débridé (pour ne pas dire décousu... ou bordélique) que le précédent, l'auteur se focalisant ici sur trois récits : le vague-à-l’âme du Rat (to drink beers or not to drink, to leave or not to leave...), la relation entre l'auteur et un certain flipper (nous avons eu avec l'ami Haruki des vies parallèles : le temps perdu à jouer au flipper, le temps gagné à courir des distances folles, le génie de l'écriture... oups, ça va, on peut plaisanter) et enfin sa vie avec deux jumelles, sorties de nulle part, qui ont décidé de s'installer chez lui. La partie sur le Rat permet à Murakami de travailler ses ambiances, ses descriptions climatiques poétiques (Les dialogues entre le Rat et Jay, le serveur chinois du bar, sont eux, un peu trop plats et répétitifs), la partie sur le flipper d'établir un lien étrange entre l'humain et les objets (le flipper finira par s'humaniser lors d'une discussion entre le narrateur et la machine) et la partie avec les jumelles de peaufiner ses métaphores alambiquées et originales, son humour cocasse et ce léger érotisme (juste un soupçon, une fragrance) qui plane toujours sur ses ouvrages. Ces différents récits ont du mal parfois à faire "corps", on a également l'impression que notre ami écrit un peu "à vue", sans but précis (Murakami n'est pas encore le type qui écrit des romans qu'il nous faut forcément achever d’une traite) mais on sent, au détour de quelques annotations fulgurantes que le gars est en train de trouver son écriture... A writer in progress en quelque sorte... En bonus track, je vous conseille la lecture d'une nouvelle Les Jumelles et le Continent englouti (Futago to shizunda tairiku / The Twins and the sunken Continent in Pan'ya saishûgeki, 1986) qui se passe 6 mois après ce fameux Flipper. Les Jumelles sont parties, le narrateur tombe sur une photo d'elles dans un magazine et la machine nostalgique se met route. Murakami livre une petite réflexion (la nouvelle fait une trentaine de pages) sur l'absence qui est ma foi joliment troussée. Il fait part notamment d'un rêve qui rend parfaitement, métaphoriquement, son état d'âme par rapport à ce vide, à ces moments de vie emmurés dans le passé… Les ailes littéraires du Mura commencent à pousser (...)   (Shang - 05/12/14)


9782714460691,0-3020023On ne saurait mieux dire : exactement la même sensation que mon camarade Shang, d'un roman pas encore très bien construit, qui manque encore d'une réelle ambition, mais qui donne un plaisir complet. Le côté décousu de la chose ne m'a pas dérangé, au contraire, et j'ai bien aimé cet aspect presque improvisé, au fil de la plume, hérité certainement du jazz que le Mura aime tant. On aime être surpris par les méandres inattendues de cette ballade à la bonne franquette, on passe d'un chapitre à l'autre en ne sachant jamais vraiment ce qui nous attend. Il y a déjà en germe tout ce qu'on aime chez Murakami : la surprise, ce style indicible qui mélange le quotidien le plus banal et les décrochages surréalistes, ce goût pour les situations décalées qui sont décrites comme des choses tout à fait normales, ces anti-héros sensibles, ces plongées dans le fantastique, cet humour feutré, ce gentil érotisme... Tout est là, dans le désordre, maladroitement amené, mais tout est là ; et c'est tout le charme de ce roman que de voir un auteur débutant découvrir son style, et l'affirmer avec une telle originalité. Beaucoup aimé, bien sûr, l'épisode éminemment murakamien des retrouvailles entre le héros et le flipper qui a occupé toutes ses journées : l'arrivée dans un immense hangar sombre, avec toutes ces machines qui s'éclairent et grésillent en même temps, voilà qui rappellent les labyrinthes et autres tunnels de l'oeuvre future, passages initiatiques qui mènent vers un univers étrange et décalé. Mais même dans les dialogues, déjà impeccables, ou dans la simple description des faits et gestes de ses personnages, il y a déjà une vraie personnalité, un vrai univers, un vrai style. Le texte suivant (La Course au Mouton sauvage) sera génial, mais celui-ci est déjà parfait.   (Gols - 06/02/16)

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