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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
15 février 2015

Boyhood (2014) de Richard Linklater

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Sur un concept qui aurait pu virer au documentaire surfait ou au simple collage (filmer les mêmes personnages pendant douze ans - des parents divorcés et leurs deux bambins), Linklater réalise une oeuvre d'une belle fluidité et de laquelle on se laisse volontiers prendre au charme. Il ne cherche pas forcément à "coller à l'actualité" (il y a certes la musique (mais qui sait se faire discrète), le petit clin d'oeil à Obama (sans en faire des tonnes) entre autres mais cela reste soft) mais plutôt à coller à la personnalité de chacun des individus ; en cela le film est une vraie réussite : tout à l'air tellement naturel qu'on se prend rapidement au jeu sans forcément s'arrêter au changement de style (de coiffure) de chacun. Ce sont de petites tranches de vie qui ne cherchent pas à être forcément exemplaires (la confrontation avec les parents... et les beaux-parents, le questionnement de nos ados (relativement coool) face à ce monde qui cherche à les mettre, les pauvres chtits, dans une ptite boîte, les escapades à la coule...) mais qui finissent à la longue par avoir une belle cohérence - et puis pas de viol, pas d’inceste, pas de massacre à la tronçonneuse, ça change. On ressort du film avec un léger sourire aux lèvres, non pas forcément transcendé (Linklater n'est pas du genre à chercher à tout intellectualiser, nan), mais en ayant l'impression d'avoir passé un bon moment (12 ans, un week-end, 2h40... qu'importe) avec cette petite famille.

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Il y a Patricia Arquette (longtemps qu'elle avait disparu de mon télescripteur, personnellement) qui rajeunit, elle, d'année en année (on ne lui donne pas cher au départ en jeune mère rapidement divorcée et vite « usée ») et qui va, après divers divorces et une belle progression sociale (elle reprend ses études pour finir prof d'université), pouvoir avoir l'impression du travail accompli : c'est elle qui tout du long tient la baraque (malgré de nombreux déménagements...) pour ses enfants et même si elle n'a pas vraiment un don pour choisir ses partenaires (Ethan Hawke, un peu branleur en jeune homme, un type grisonnant sérieux comme un pape... alcoolique et colérique, un ancien d'Irak... donneur de leçons - l'étiquette "corrections" qu'il porte au dos de sa veste de travail lui va comme un gant), elle a toujours le courage de repartir à zéro sans sacrifier sa progéniture. Elle livre une dernière séquence émouvante à souhait qui nous fait regretter de ne pas la voir plus souvent dans des rôles à sa juste mesure.

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Il y a Ethan Hawke, plus à l'aise apparemment avec sa gratte que pour prendre des responsabilités, qui, en pointillé, tente de donner deux-trois leçons de vie (au vu de ses erreurs...) à ses deux gamins. On a du mal à vraiment le suivre "socialement" mais il est toujours partant pour venir épauler ses kids. Il est, avec Linklater, comme un poisson dans l'eau et rentre dans chacune de ses scènes avec une facilité déconcertante. Et les petites chansonnettes qu'il entonne constituent de réels "feel good" moments.

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Il y a Lorelei Linklater (Richard était au moins sûr de l'avoir toujours sous la main) en ado un peu mal dégrossie qui traîne sa moue boudeuse tout au long de ces douze années. Elle ne respire pas la joie de vivre, c'est le moins qu'on puisse dire, mais elle prend tout avec une certaine philosophie je m'en foutiste qui n'est pas si désagréable.

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Il y a enfin Ellar Coltrane (Linklater a fait le bon pari tant le gazier possède un vrai charisme... et une tronche de jeune premier) qui ne cesse de se questionner sur la life... A quoi ça sert tout ça, pourquoi le monde semble-t-il de plus en plus robotisé et toutes ces conneries. Ce n'est pas vraiment un foudre de guerre (trois de tension) mais il fait son petit bonhomme de chemin avec sa dégaine de flemmard et son oeil de photographe ; on sent que le gars n'est pas vraiment un petit génie mais c'est ce qui rend le film de Linklater assez sympa : rien n'est bigger than life (sauf dans la connerie - les deux beaux-pères ont la palme), tout est filmé au niveau de ces êtres qui se débattent avec leur petit questionnement ontologique si affreusement banal. Cela donne une vraie fraîcheur à la chose alors qu'elle aurait pu (en douze ans, tout vieillit très vite) être très vite mort-née, ne serait-ce qu'esthétiquement parlant. Une bonne surprise à savourer tant que dure l'été.   (Shang - 17/08/14)

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C'est ça, ça doit être un film d'été, parce que franchement, à le voir en plein hiver, on se dit que le film est tout de même très très léger. Linklater a en mains l'outil rêvé, les mêmes acteurs sur 12 ans de temps, et n'en fait que ça. On ne sait si on doit applaudir respectueusement devant cette modestie, ou soupirer devant l'inconsistance du film, qui en 12 ans et 3 heures de temps, n'arrive à dire rien d'autre que "grandir, c'est pas facile". Tout ce que dit mon gars Shang est pafaitement vrai : les acteurs sont hyper justes, il y a une petite musique attachante, c'est fait avec simplicité et sobriété... mais pour quoi faire ? A côté de cette historiette familiale faite des drames (un zéro en maths) et des joies (le premier baiser) inhérents à une existence, Ozu fait figure de proto-punk. Tellement soucieux d'être réaliste, Linklater ôte à sa trame tout ce qui pourrait paraître too much, réalisant au final un de ces trucs qu'on projette dans les fêtes de famille à la fin de l'année (regarde, là, c'est quand la petite a fait sa première dent ; regarde, ça c'est mon premier mari, il était très méchant ; regarde, le petit Kevin avec sa coupe pas possible). Bon, admettons, il veut filmer la vie qui va, quoi, la vie normale ; sur trois heures ça fait un poil long quand même, et on rêve, au bout d'un moment qu'il se passe ne serait-ce qu'un infime truc (je sais pas, quelqu'un casse un lacet, genre) pour relancer l'assoupissement bienheureux qui guette. En absence du dit, on scrute les rides sur le visage d'Arquette (bien courageuse : le film n'est pas à sa gloire physiquement), on sourit avec bienveillance devant la jolie lumière mélancolique qui émane de la chose, et on attend le générique de fin, qui arrive là comme il aurait pu arriver 2 heures avant ou après-demain. Le film le plus innocent de la terre, qui ne vous veut aucun mal et ne vous laissera aucun souvenir. Tout ça pour ça...   (Gols - 15/02/15)

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Commentaires
Z
12 ans de perdus...
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J
Ain't got a kick in the head ! <br /> <br /> (as the fellow Dino said... )
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S
T'inquiète le Mitch, la longue nuit était en attente depuis de longs mois in my mind - and my computer. I got it now !!!!!
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B
Before Sunrise, j'aime beaucoup et Before Sunset, carrément fan - Before Midnight un peu moins, faut pas déc. Mais Linklater a pourtant essayé de faire du punk (soft) à ses débuts, avec sa Génération Rebelle: prenez la BO, jetez tout le reste.
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M
zut... j'ai oublié de vous reparler de la Longue Nuit de 43 de Florestano Vancini. <br /> <br /> Du lourd, là aussi. J'en avais dit deux mots, ici-même, y a longtemps déjà... <br /> <br /> Zut, parce que c'est vraiment, vraiment bien.
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