King of the Hill (1993) de Steven Soderbergh
L'on évoquait les films sur l'enfance dans la colonne de droite et je me suis dit, tiens, j'ai ce petit Soderbergh en rayon qui patiente depuis quelque temps, pourquoi pas. Le Steven nous plonge dans l'Amérique économiquement dépressive des années 30 et nous fait voir le tout par les yeux d'un gamin qui va se retrouver totalement livré à lui-même (son chtit frère part chez un oncle, sa mère dans une maison de repos et son père sur les routes pour vendre des montres...) ; ce gamin doué doit vivre d'expédients avant de retrouver les siens... Le pitch, finalement, ne va guère plus loin. Soderbergh soigne sa reconstitution, son image orangisée et parvient à nous tenir en haleine grâce à un indéniable sens du rythme. Si l'on est content de croiser quelques acteurs au top de leur forme (Elizabeth Mc Govern, la bonne trentaine, qui en paraît 16, Adrian Brody, la vingtaine, qui en paraît douze...), le film manque de quelques grandes séquences pour vraiment nous prendre aux tripes : Soderbergh n'est pas un manchot pour nous retracer l'épisode trépidant du gamin au volant de la bagnole de papa qui s'emballe, pour nous montrer à quel point notre petit héros sans le sou a peu de chance de s'intégrer dans les milieux bourgeois de ses camarades (le trait est un peu forcé tout de même lors de cette scène dans la maison bourgeoise où le gamin se retrouve, à force de multiplier les mensonges sur ses parents, seul contre tous) ou encore pour nous conter par la menu la vie de cet hôtel, ce troisième étage où les locataires se font renvoyer les uns après les autres - une époque sans pitié, c'est ça. Mais on reste quand même un peu sur sa faim, comme le gamin (la scène où il découpe des plats dans un magazine en s'imaginant (l'imagination faisant sa force) qu'il s'agit de vrais marque néanmoins des points)
Notre gamin doit ruser pour chouraver deux-trois bricoles, doit échapper au salopiot de "chien de garde" de l'hôtel qui ne fait montre d'aucune empathie ou encore à ce gros flic devant l'hôtel qui fait régner sa loi. Mais il est intrépide, intelligent comme lui rappelle son lâche de père, diablement pugnace. Il est dommage que Sodebergh n'exploite pas un peu plus certaines pistes qui étaient prometteuses (sa complicité avec son ptit frère qui disparaît trop vite, sa connivence avec sa chtite camarade de classe à la photogénie lumineuse qui tombe à plat, ses 400 coups avec Brody...). Notre gamin est un peu trop mignon, trop malin, trop... pour qu'on ait vraiment l'impression d'assister à autre chose qu'à "un beau film de cinéma sur un gamin pas vraiment aidé par les siens". Un peu chromo quoi, mais pas déplaisant pour autant. Peu de chance en un mot d'être dans un top 3 (=10) sur le thème.